LEGENDES - FOLKLORE - ÊTRES IMAGINAIRES - PEUPLES
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 CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS

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Yaelle
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MessageSujet: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:13

CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19022409192222443816134302


- Contes et légendes de différentes régions
Normandie
• Picardie
• Vendée
• Poitou-Charentes
• Alsace
• Provences-Alpes-Côtes d’Azur
• Auvergnes
• Île-de-France
• Pays Basque
• Anjou
• Aquitaine
• Lorraine
• Champagne-Ardenne
• Franche-Comté
• Languedoc-Roussillon
• Limousin
• Région Rhône-Alpes



CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 720817-vieux-livres



L’Histoire de France déborde de légendes et de mythes qui ont marqué certaines régions. Fantastiques ou effrayantes, ces histoires mystérieuses se sont transmises au fil des générations et sont entrées dans le folklore français.




CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19022409192422443816134308
Le parc naturel régional de Brière - Pays de Loire
https://www.linternaute.com/sortir/nature/1070528-les-100-plus-beaux-paysages-de-france/




http://www.belambra.be/les-echappees/legendes-de-france-entre-les-mythes-et-le-folklore-francais-0327/
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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:13

CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 175961-banniere-normandie



Les contes et légendes de Normandie, imprégnés de mystères, de merveilleux, de surnaturel et de magie, nous plongent au plus profond d’une littérature qui puisent ses racines dans l’histoire, le paganisme viking et la foi chrétienne.
http://www.normandie-heritage.com


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19031509541922443816160541




• La biche blanche
• La fée de la fontaine
• Les oies du Pirou
• Le varou, le loup-garou de Normandie
• Le lac maudit de Normandie
• La fée d’Argouges
• Le dolmen de Roche-grise
• Apparition du navire des morts sur la jetée de Dieppe le 2 novembre
• L’abbaye de Mortemer
• La demoiselle de Tonneville
• Le sire de la Landre-Patry
• L’âme chantante de Corneuil
• Le prieuré des 2 amants




CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 950401-banniere-normandie
http://bernard.langellier.pagesperso-orange.fr/paysages.html



Dernière édition par Yaelle le Ven 16 Aoû - 21:31, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:14

légende de la biche blanche



CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19081410115122443816356949
http://maguy69.centerblog.net/15565-biche-blanche



Un jeune prince partit un jour pour la chasse. Une trentaine des plus grands seigneurs de la cour le précédaient. Lorsqu’on fut dans la forêt, on se dispersa de côté et d’autre selon son caprice et sa fantaisie. Le prince ayant aperçu un cerf magnifique s’élança sur ses traces. Il courut presque toute la journée, toujours devancé par l’animal qui semblait ne point se lasser de la poursuite à laquelle il donnait lieu. Enfin le cheval du prince tomba mort et le cerf disparut dans le lointain. Le prince s’arrêta dans une clairière, tira quelques provisions de sa gibecière, et se mit à manger avec un appétit aiguisé par la longue course qu’il venait de faire. Puis le jeune homme se reposa sur le gazon. Il fut tout étonné de voir dans un fourré quelque chose de blanc qui s’avançait vers lui. Le prince ne bougea pas et reconnut une biche blanche.

— Quel joli animal ! se dit-il ; je donnerais beaucoup pour l’avoir. Comme ma mère serait contente si je la lui rapportais !
En disant ces mots, il prit de petites morceaux de pain et les jeta à la biche blanche qui les mangea sans se montrer effrayée. Le prince continua ce manège et voulut amener l’animal à ses pieds en lui jetant du pain près de lui. Mais la biche n’approcha pas.
— Puisqu’elle ne veut point approcher, je vais la tuer. Cela me sera facile, elle est si près de moi !

Le prince prit son fusil, ajusta la bête, tira, et… ne vit plus rien : la biche blanche avait disparu.

Après avoir erré à l’aventure pour trouver un chemin qui le conduisit hors de la forêt, le jeune homme s’aperçut qu’il était perdu. Le soir était venu. Il fallait trouver une cabane, ou se résoudre à passer la nuit à la belle étoile. Le prince grimpa sur un arbre élevé et regarda autour de lui. Une petite lumière brillait au loin à travers les branches. Il prit son mouchoir blanc dans lequel il avait lié une pierre, et le jeta du côté de la maison. Ensuite il descendit de l’arbre et marcha dans la direction de son mouchoir. Il ne tarda pas à arriver devant une riche habitation.

— Pan ! pan !
— Qui est là ?
— C’est le fils du roi qui vous demande l’hospitalité.
— Entrez ; vous serez le bienvenu.

Une grande et belle femme vint ouvrir au prince. Elle lui servit à manger, lui montra sa chambre et le fit coucher. Le lendemain matin, il lui raconta ses aventures dans la forêt sans omettre sa rencontre avec la biche blanche.


— — Ah ! vous avez vu la biche blanche ? lui dit la femme.
— Oui ; et je donnerais mille écus pour la rapporter à la reine, ma mère.
— — Eh bien ! cette biche m’appartient. Elle n’est ni à vendre ni à donner, mais elle est à gagner.
— Que me faudrait-il faire ? Je suis prêt à tout entreprendre pour l’obtenir.
— — Alors, suivez-moi ; je vais vous montrer la tâche que vous avez à remplir.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19081410115222443816356953
http://horse-elements.forumsactifs.com/t43-la-foret-des-doux-repos


La fée (car c’en était une) conduisit le prince dans une grande forêt, et, lui donnant une scie, une pioche et une hache, lui dit :
[color:b447=‡a9f5f2]— Vous allez, à l’aide de ces instruments, couper, lier, mettre en bûches et en fagots le bois que vous avez devant les yeux. Ensuite vous défricherez le terrain, qui devra pour ce soir être rempli de plantes rares et de fleurs précieuses. Je veux aussi qu’on puisse voir une mouche voler d’un à l’autre du jardin. Si vous n’avez point terminé au coucher du soleil, j’enverrai des dragons vous dévorer.

La fée s’éloigna. Le prince se mit aussitôt au travail. Aux premiers coups ses outils se brisèrent : ils étaient en carton. Le jeune homme se mit à pleurer.
— Hélas ! disait-il, que ne suis-je resté au château de mon père, je ne serais point exposé à être dévoré par les dragons ! Maintenant ma perte est certaine.
Tout en se lamentant ainsi, il vit venir à lui une belle demoiselle qui lui apportait à manger. Elle était envoyée par la fée dont elle était la fille.
— Mon beau prince, qu’avez-vous à pleurer ainsi ? Ne pourrait-on pas vous consoler ?
Le jeune homme lui dit quelle tâche il devait remplir pour le soir.
— N’est-ce que cela ? Il y a vraiment de quoi pleurer ! Ah ! ah ! mangez ; je vous tirerai d’affaire.
Le fille de la fée prit une baguette et il dit :
— Par la vertu de ma petite baguette, je commande que ce bois soit coupé et lié, et qu’à la place s’élève un jardin magnifique entouré d’une grille et rempli de fleurs.

Elle avait à peine terminé que tout se trouva fait. Puis elle retourna au château. Le soir venu, la fée vint trouver le prince et fut tout étonnée de voir un beau jardin à la place de la forêt.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19081410115222443816356954
https://www.pinterest.fr/pin/561331541031481976/



— C’est bien, dit-elle ; mais la biche blanche n’est pas encore gagnée. Je vous ferai subir demain une nouvelle épreuve.
Le lendemain, elle conduisit le fils du roi devant un grand étang, lui remit trois seaux, et lui dit :
— Ce soir, cette eau devra être vidée et jetée par dessus la montagne. A la place vous construirez un château plus beau que celui du roi votre père. Sinon, vous serez dévoré par les dragons.



CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19081410115322443816356955
http://www.baladeenfamille.fr/periples/salle/grand_lac.html


La fée partie, le prince voulut enlever le seau d’eau. Le seau creva et l’eau tomba dans l’étang. Il essaya les deux autres seaux sans plus de succès : ils étaient en papier. Le jeune homme s’assit sur le bord de l’étang et se mit à pleurer. La deuxième fille de la fée lui apporta à manger et résolut de le tirer encore d’embarras. Prenant sa baguette magique, elle dit :
— Par ma baguette, j’ordonne que cet étang soit desséché à l’instant, et qu’à la place on aperçoive un palais magnifique.
L’eau du lac se vida aussitôt et un château le remplaça. Il était éclairé par trois cent soixante-cinq fenêtres, faites chacune de deux vitres ; douze portes donnaient accès dans son intérieur.

CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19081410115122443816356950
http://www.chateaudegoulaine.fr/1571-un-lieu-feerique-en-loire-atlantique.html



— Ne dites point cela à ma mère. Elle est si méchante qu’elle me tuerait, lui dit la jeune fille en s’éloignant.

La fée ne voulut point encore donner la biche blanche au jeune homme.
Elle voulut lui imposer le lendemain une épreuve définitive. A cet effet, le prince eut pour mission d’aller porter un fruit à un des dragons enfermés dans une tour. S’il revenait sain et sauf, il aurait à choisir entre les trois filles de la fée. La biche blanche y serait. S’il la prenait, il l’aurait pour épouse ; s’il choisissait mal, il serait dévoré. Le prince dut accepter.
En allant porter à manger au dragon, il rencontra une des filles de la fée qui lui dit :
— Au-dessous de la porte de la tour, vous verrez un trou. Jetez-y le fruit et sauvez-vous. Je suis la biche blanche. Je me ferai reconnaître de vous en avançant mon pied droit devant la jambe gauche. Adieu !
Le prince se conforma aux instructions qu’il venait de recevoir et revint au château. La fée fit placer ses trois filles devant lui et lui dit de choisir. Après les avoir examinées quelque temps, le prince désigna la biche blanche. La fée fut contrainte de la lui donner.

Le soir venu, le prince alla se coucher avec la jeune fée.
— Je crains ma mère, lui dit-elle ; je vais aller écouter ce qu’elle dit à mes sœurs. Elle est si cruelle qu’elle peut venir nous égorger d’un moment à l’autre.
Elle rentra quelques instants après et annonça au prince que sa mère allait venir les étrangler.
— Prends les bottes de sept lieues qui sont sous le lit, et suis-moi. Si tu vois venir quelqu'un derrière nous, avertis-moi.

Ils partirent tous deux en grande hâte. La fée arriva bientôt pour les tuer : le lit était vide. Elle appela une de ses filles et lui remit des bottes de quatorze lieues pour aller à la recherche des fugitifs. Elle lui recommanda aussi de les toucher si elle les apercevait, ce qui les rendrait immobiles jusqu’à son arrivée.
La jeune fille partit. Elle traversait en un saut les plus hautes montagnes et les villes les plus grandes.
Le prince ne tarda pas à l’apercevoir.
— Voici ta sœur— , dit-il à sa femme ; nous allons être ramenés au château.
— Par la vertu de ma baguette, je commande que tu sois changé en chapelle et moi en curé.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19081410115222443816356952
http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/
CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19081410115222443816356951
http://www.claude-carbonel.com/fr/santons-provencaux-debouts/66-monsieur-le-cure.html





La jeune fille passa presque aussitôt sans faire attention à la chapelle. Ne trouvant aucune trace des fugitifs, elle revint trouver sa mère.
— Eh bien ! tu n’as rien vu ?
— Non, si ce n’est une chapelle et un sonneur.
— Et tu n’as point vu que c’était le prince et ta sœur !
De colère elle précipita sa fille dans la rivière. Puis elle envoya sa deuxième fille avec des bottes de vingt lieues. Le prince vit venir la jeune fille et en avertit la biche blanche qui s’écria :
— Par ma baguette, je commande que tu te changes en prunes et moi en prunier.



CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19081410115322443816356956
http://www.arbres-fruitiers.ca/




Sa sœur passa et repassa devant le prunier sans se douter de rien.
— As-tu rejoint ta sœur ? lui dit la fée à son retour.
— Non ; je n’ai vu sur mon chemin qu’un prunier chargé de beaux fruits rouges.
— Et tu n’as pas vu que c’étaient le prince et la biche blanche ! Tu vas périr comme ta sœur.
La fée précipita sa dernière fille dans la rivière et partit avec des bottes de trente lieues.
— Voici ma mère, s’écria la biche blanche. Je commande que tu te changes en poisson et moi en rivière.






CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19081410115322443816356957

https://www.vitaminedz.org/




La fée arriva bientôt et ne fut point dupe du stratagème. Elle voulut toucher avec sa baguette le poisson et le ruisseau. L’eau se retira et la méchante femme s’enfonça dans la boue et y mourut.

Le fils du roi partit seul pour le château de son père, laissant la biche blanche retourner à sa maison, d’où elle devait bientôt revenir. Elle avait recommandé au prince de ne point se laisser embrasser par ses parents, sinon il oublierait complètement et ses aventures et sa femme.

Il n’oublia point cette recommandation et ne voulut point permettre à ses parents de l’embrasser. Il se coucha. Sa mère s’approcha doucement du lit de son fils et l’embrassa. En se levant le lendemain, le prince reçut la visite de son père, qui lui demanda pourquoi il était resté si longtemps absent du palais. Le jeune homme soutînt qu’il revenait de la chasse et qu’il n’y était resté qu’une journée. On crut qu’il plaisantait.

Quelque temps après, le prince alla se promener avec deux seigneurs de ses amis. Ils entrèrent dans un des douze moulins du roi et y virent une belle demoiselle qui y était comme servante. Tous trois prétendirent la posséder. Ils convinrent de venir la trouver chacun leur tour pendant trois nuits.

Un des seigneurs arriva le soir et s’introduisit en secret dans le moulin. Il allait entrer dans le lit auprès de la servante, quand elle lui commanda de couvrir les tisons du foyer afin d’avoir du feu pour le lendemain. Le jeune homme prit la pelle et les pincettes et se mit au travail. Le feu continua toujours à brûler malgré ses efforts. Trois heures sonnèrent à l’horloge ; il n’avait point encore réussi. De colère, il jeta les pincettes sur le pavé et fit un tel bruit que le meunier se leva et le mit en fuite.

Le lendemain, l’autre seigneur vint trouver la demoiselle. Elle lui donna à vider dans la cour un vase plein d’eau. Il eut beau verser, le vase resta toujours plein. Il n’avait point terminé à deux heures du matin. Prenant le vase malencontreux, il le jeta sur la pierre et le brisa. La meunière se leva et chassa encore le seigneur.

C’était au tour du prince. Il arriva au moulin et alla trouver la servante qui lui dit :
— Vous ne coucherez avec moi qu’après avoir changé de chemise. En voici une ; mettez-la.

Le fils du roi ôta sa chemise et voulut la remplacer par celle qu’on lui donnait. Il ne put y parvenir ; il en avait à peine une demi-aune sur le corps qu’elle se retirait de telle façon que le prince découragé déchira la chemise et la jeta par la fenêtre. Le bruit attira le meunier qui chassa le jeune homme à coups de fouets. Le fils du roi ne se vanta de rien, comme on doit le penser.


Un autre jour, il entra chez un cordonnier pour y acheter des souliers. La fille de celui-ci était belle ; elle plut au prince qui voulut l’épouser. Ses parents cherchèrent en vain en l’en détourner. Mais le mariage fut convenu. Les noces devaient durer trois jours. on y invita les douze meuniers du roi avec leur famille. La biche blanche, déguisé en servante, y fut appelée. Elle parut tout à coup avec une robe couverte de pierres précieuses. La cordonnière lui témoigna le désir de posséder la robe.

— Je vous la donnerai, répondit la meunière, si vous voulez me laisser passer la nuit avec le prince.
Cela déplaisait fort à la cordonnière. Mais la robe était si belle ! Elle accepta et fit coucher la biche blanche dans le lit du jeune roi. Elle ordonna aux valets de mêler de l’opium au vin du prince, de sorte qu’il s’endormît en se couchant. La biche blanche voulut le réveiller. Il continua à dormir de plus en plus fort.
— Ah ! beau prince, s’écria-t-elle, si tu savais que je suis celle qui te tira des mains de ma méchante mère, tu repousserais bientôt la vilaine cordonnière que tu dois épouser dans deux jours ! Mais on t’a endormi.

La biche blanche fut obligée de se lever de grand matin. Elle sortit du palais pour rentrer bientôt avec une robe encore plus belle que la première. Elle la céda à sa rivale aux mêmes conditions que l’autre. On endormit encore le prince. Il ne put entendre ce que lui dit la biche blanche. Un des valets avait tout écouté. Il raconta tout au jeune homme à son réveil. Celui-ci promit de ne pas boire de vin de toute la journée.

Le soir, la meunière se présenta avec une robe toute blanche qu’elle offrit encore à la cordonnière. Celle-ci n’en voulut point. La fille de la fée fit éteindre tous les flambeaux et l’on vit une robe de feu qui éblouissait les yeux par sa lumière. La cordonnière prit l’habit et fit entrer la biche blanche dans le cabinet du prince. Le jeune homme se coucha bientôt après et écouta ce que disait la jeune fille. Il la reconnut et lui jura de l’épouser.

Le roi son père fut bien étonné lorsqu’il vit son fils lui amener une belle princesse et lui dire :
— Sire, voici une jeune fille qui m’a sauvé la vie dans la forêt où j’avais été chasser. Elle m’avait recommandé de ne point me laisser embrasser par personne à ma rentrée. On l’a fait sans doute, car je ne me rappelais plus rien. Elle se nomme la Biche Blanche ; je veux l’épouser à l’instant.
— Mais la cordonnière ?
— On lui donnera cent écus et on la mettra à la porte.


Les noces durèrent trois jours encore. J’y assistais. J’eus le malheur de laisser tomber un plat ; on me donna un coup de pied dans le derrière pour m’envoyer vous raconter ce conte.


http://lapiterne.canalblog.com/archives/2015/08/31/31980345.html
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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:15

La fée de la Fontaine (Carrouges,61)




CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 371842-carrouges


Carrouges (Orne), petite ville, qui est la dernière de la Normandie, est située sur le sommet d’une belle colline, au pied de laquelle, à peu de distance, existe un château légendaire bien connu.

Ce manoir fut construit par le comte Ralph qui avait épousé la comtesse Louise de la Motte, jeune personne du voisinage, douée de toutes les qualités de l’esprit et du corps. Six années s’étaient déjà écoulée et leur union était toujours resté stérile.
Aussi quelle fut la joie du comte quand son épouse lui apprit qu’elle serait bientôt mère. Ralph au comble du bonheur invita tous ses vassaux et ses voisins à célébrer l’heureuse naissance de l’enfant que la comtesse allait lui donner. Les réjouissances durèrent douze jours, et, comme c’était la coutume, la chasse fut le principal plaisir auquel on se livra.
Par une belle matinée d’été, on vit les portes du château s’ouvrir devant les valets et la meute impatiente. Bientôt les Seigneurs éperonnant leurs coursiers disparurent dans la forêt voisine à la poursuite du cerf. Toute la journée les échos des vallons répétèrent alternativement les joyeuses fanfares et les cris animés des chiens.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 105277-scene-de-chasse
http://blogdelaforet.centerblog.net/5968187-La-chasse-et-la-peche



Déjà le soleil commençait à refuser sa lumière et les veneurs se rendaient au château; le comte seul, emporté par une bouillante ardeur, s’était égaré dans les épaisses futaies. Après avoir parcouru dans divers sens les allées de la forêt, il arriva enfin près d’une clairière.
C’est une petite vallée bien sauvage et bien fraîche qui semble complètement isolée du reste du monde. Figurez-vous un ravin d’un quart de lieue environ d’étendue, renfermé entre deux collinies couverts de magnifiques arbres. Au milieu des deux collines, un ruisseau dont les flots se divisent en mille rameaux et se réunissent en un seul canal, qui va marier ses eaux avec celles d’une fontaine ombragée par un massif de saules, et vous aurez une idée de cette clairière. Il faut aller plus loin avant de découvrir une seule habitation, avant d’apercevoir la fumée d’une chaumière, et si rencontrant un homme de la contrée vous lui demandiez le chemin de cette solitude, c’est à peine s’il pourrait vous indiquer les trois sentiers qui y mènent.

En arrivant dans ces lieux, le comte entendit les sons mélodieux d’une voix humaine, on eut dit une sirène qui attirait le navigaeur par la douceur de son chant; alors il se dirigea à l’endroit d’où partait cette voix et vit au bord de la fontaine une jeune fille vêtue de blanc. Curieux de connaitre cette étrange beauté, qui venait à cette heure enchanter ce séjour, Ralph descend de sa monture et s’avance vers elle. La belle inconnue sembla ne pas s’être aperçue de la présence de ce nouvel hôte, et elle continua de baigner ses pieds dans l’onde transparente.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 986272-fee
http://macoumba28.vefblog.net/23.html



Le comte, attiré par une force invisible, s’approchait toujours, et quand il fut près d’elle, il tomba à genou plongé dans un morne silence. La nymphe de la fontaine se levant alors :
- “jeune étranger”, dit-elle, “d’où te vient cette témérité d’oser troubler cette solitude, sache qu’on ne vient pas impunément en ce lieu”.
Elle tachait de couvrir sous ces paroles menaçantes la joie qui débordait de son coeur. Ralph effrayé lui répondit :
- “Déese de cet aimable séjour, ayez pitié d’un voyageur que la nuit à surpris dans la forêt, soyez sensible au malheur d’un père, d’un époux”.

A peine avait-il parlé que la jeune nymphe, levant ses beaux yeux, lui sourit gracieusement, et tout à coup commença avec lui une danse fantastique; plus il dansait plus la danse s’animait; leurs pieds ne faisaient qu’effleurer le gazon et pliaient à peine les fleurs qui ornent le rivage. Enfint l’infatigable danseuse l’enlevant de terre se précipita avec lui sous les eaux. L’onde s’agita un instant et reprit bien vite son ancienne tranquilité.

Les ombres luttaient encore avec la lumière, quelques rares étoiles brillaient toujours sur l’azur des cieux; mais déjà l’orient était couvert d’un manteau d’or et de pourpre, lorsque le comte rentra au château. Sur les demandes empressés des Seigneurs, il raconta qu’égaré dans la forêt il avait passa la cabane d’un bûcheron. Comme c’était un évènement fort commun à cette époque, personne n’en fut étonné et les fêtes recommencèrent avec plus d’ardeur.
Mais chaque soir lorsque tout dormait au château, Ralphh sortait furtivement et se rendait au séjour enchanteur de la fée.
Il en fut ainsi pendant plusieurs semaines et personne ne le savait. Mais lorsque la comtesse s’aperçut des absences nocturnes de son époux, de graves soupçons vinrent agiter son âme et elle résolut d’épier ses sorties.

Une nuit que le comte avait, comme de coutume, quitté le château, Louise s’élance aussitôt de sa chambre et court sur ses traces. C’était une de ces nuits d’orage qui effraient les campagnes; un vent violent soufflait du nord et le tonnerre grondait au sein d’une nue sillonnée d’éclairs. Arrivée à la clairière, la comtesse aperçoit son époux exécuter une danse fantastique avec une jeune fille, revêtue d’un long voile blanc, et s’élancer avec elle dans l’onde de la fontaine.
A cette vue la rage s’empare de son coeur et elle retourne au château, bien résolue à venger l’infidélité d’un époux.

Le lendemain, la comtesse se coucha comme de coutume et feignit de savourer un profond sommeil, mais lorsqu’elle vit le comte sortir encore du château, elle saisit un poignard et se dirigea à l’endroit où elle avait vu la belle fée. La nuit était pure et sereine, l’astre du soir se montrait au-dessus des arbres apportant avec lui une brise embaumée; tantôt il suivait sa course azurée, tantôt il reposait sur un groupe de nues.
Parfois on le voyait dans les intervalles des grands hêtres et sa lumière pénétrait dans les plus épais ténèbres. Le ruisseau qui coulait avec un doux murmure, tour à tour disparaissait dans les bois, tour à tour reparaissait brillant des feux qu’il reflétait dans son sein. La jeune nymphe reposait au bord de la fontaine; tout à coup une goutte de sang jaillit de son sein, une autre la suivit puis une autre, et bientôt sa blanche tunique fut souillée de nombreuses tâches sanglantes.
Après s’être convulsivement débattue sur le gazon, elle s’élança dans l’onde, en faisant entendre un long gémissement et tout entra dans le silence.

Le lendemain on trouva à l’entrée du château le corps du comte étendu sur le sol, un poignard lui traversait le coeur et près de la blessure on vit un petit billet sur lequel était écrit ces mots :
- “Je me suis vengée”.

Lorsqu’on voulut annoncer à la comtesse la mort de son époux, on la trouva étendue sur son lit et dévorée par une fièvre ardente; mais tout à coup ses suivantes reculèrent d’horreur et sortir précipitamment de la chambre en poussant de grand cris. Louise surprise porta instinctivement la main à sa tête et s’aperçoit qu’une tâche sanglante maculait son front.

Cet incident agita tellement son âme, que deux jours après elle était au bord de la tombe. Ce fut dans ces circonstances qu’elle donna le jour à un bel enfant…

Le fils de la comtesse eut six enfants, et tous portèrent au front ce stigmate de punition. Ce n’était d’abord qu’un petit point rougeâtre, puis vers sept ans ce point s’élargissait et ressemblait enfin à une tâche sanglante.
Cette marque distingua pendant sept générations la postérité de la comtesse. Enfint Radolphe, le dernier des Ralph, n’eut qu’une fille. Sans doute la colère de la fée était apaisée. Aucune trace sanglante ne souilla le front pur de cette enfant.

Si l’on croit la tradition, cette localité aurait reçu le nom de Carrouges, pour rappeler la triste puniton qui avait pendant si longtemps affligé l’illustre famille des Ralph, et le mot Carrouge signifierait chair ensanglantée (caro – chair, ruba –rouge).

Souvent, disent les habitants de Carrouges, nous avons vu la jeune comtesse, ornée d’un voile noir, venir au pied d’un vieux hêtre pleurer son crime; et si vous interrogeez les habitants du voisinage, ils vous diront aussi que, fréquemment, ils ont vu, par une tiède nuit d’été, la belle fée sur le bord de la fontaine, revêtue d’une tunique ensanglantée.
- Francis Boyer – la fée de la fontaine



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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:15

Les oies du Pirou (Pirou, 50)



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http://une-belle-journee.over-blog.com/pages/Le_chateau_du_Pirou_et_la_legende_des_oies-4961369.h



Il existe sur les bords de la mer, entre Coutances et Lessay, un château nommé Pirou, dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Maintenant au milieu d’une plaine aride, nue, expose au vent de la mer, jadis il était entouré de hautes forêts.


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C’est un fait dont M. de Gerville a trouvé la preuve dans les anciens titre dans la Châtellenie. La cause probable du changement dans la nature du terrain est le rapprochement de la mer qui incontestablement, depuis un temp simmémorial, dévore par degré les rivages de la presqu’île du Cotentin, et dont les vents, comme il est notoire sont si funestes à la croissanc des arbres. Quoiqu’il en soit, voici ce qu’un auteur du siècle de Louis XIV, connu sous le nom de Vigneul-Marville, et le savant Bullet, dans son Dictionnaire Celtique, nous racontent qui arrivait de leur temp au château de Pirou, fait singulier que le premier déclare tenir du seigneur de ce château même.

Au printemps de chaque année, une grande quantit d’oies sauvages, venant des marécages voisins, s’abattaient dans les cours et les fossés du château pour y faire leurs petits. Les habitants avaient soin de préparer à ses hôtes des nids commodes avec de la paille. Pendant leur séjour, ces volatiles parcouraient avec la plus grande familiarité le château et les jardins. Quand les petits étaient assez forts pour voler, toute la colonie disparaissait en une nuit sans qu’on s’en aperçu, et c’était pour jusqu’à l’année suivante.

Voici, d’après les mêmes auteurs, l’histoire merveilleuse bâtie sur ce fondement et qu’avait conservée une tradition locale d’une ancienneté indéfinie.

Lorsque les Normands, nos ancêtres, sous la conduite du brave Rollon, faisait la conquête de la Neustrie qui leur fut concédée plus tard par le Roi de France, il se trouva un château qui, le dernier de tous, résista à leurs efforts; c’était le château de Pirou, bâti par la puissance des fées, et d’une telle force que les Normands désespéraient de s’en emparer autrement que par la famine. Ce fléeau ne tarda pas effectivement à tourmenter la garnison. Les Normands jurèrent que, dussent-ils y périr, ils ne partiraient pas de là que cette redoutable forteresse ne fut prise.

Un matin, ils sont surpris de ne plus entendre aucun bruit dans l’intérieur du château; pas un homme n’apparait ni sur les remparts, ni sur les tours, ni aux croisés. Ils ne doutent pas d’abord que ce soit un piège, et se gardent bien de monter à l’assaut.

Plusieurs jours s’écoulent et toujours même silence. Et enfin, ils se décident à escalader les murs qui étaient d’une progidieuse hauteur, et ils entrent dans la place.
Ils n’y trouvent pas une âme; je me trompe, il y avait un vieillard couché malade à l’infirmerie, qui n’avait pu suivre les autres, et qui raconta aux Normands comme la garnison s’était enfuie miraculeusement.

La magie était cultivée de père en fils, par les seigneurs du château, qui en conservaient les livres très précieux. Quand les assiégés avaient vu qu’ils manquaient de vivres, et qu’ils seraient bientôt forcés de se rendre, ils s’étaient transformés en oies sauvages et envolés par-dessus les remparts.



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http://passiongenealogie.hautetfort.com/archive/2013/07/20/la-belle-histoire-des-oies-du-chateau-de-pirou-5125592.html


Les Normands se rappelèrent alors qu’effectivement la veille du jour où un silence général avait commencé à régner dans le château, ils avaient vu plusieurs volées d’oies sauvages s’élever au-dessus des toits, puis allaient s’enfoncer et disparaitre dans les forêts et les marécages voisins. Mais on ne songe jamais à tout, quoiqu’on soit magicien.

La métamorphose avait été très bien opére, mais on n’avait pas prévu comment, une fois hors de danger, on reprendrait la figure humaine. Plus de livres alors, plus de moyens même d’articuler une parole. Force fut donc aux malheureux de rester, sous leur nouvelle forme, habitants des marais.

Quand les Normands eurent embrassé la religion chrétienne, tous les livres magiques du château furent brûlés; par conséquent moins d’espérance que jamais pour les malheureuses victimes de la métamorphose. Seulement, chaque année, cette race infortunée de volatiles revient visiter son ancienne patrie.

Tel est le récit que, de génération en génération, on répétait dans le manoir féodal de Pirou. Si l’histoire doit être une image des siècles passées, les fables merveilleuses qui ont obtenu crédit rentrent dans ce domaine et peignent souvent mieux les hommes qu’une froide et sèche énumération de noms propres et de généalogies.


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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:16

Le varou, le loup-garou de Normandie


Adaptation du récit de M. Emilien Guilbert, d’Englebelmer (Somme) tel que raconté en 1180




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http://yoyonomon.free.fr/articles/print.php?id=110


Le cinéma et la télévision ont souvent repris ce thème d’individus se transformant, la nuit venue, en créatures mi-homme, mi-animal. Peut-être serez-vous surpris d’apprendre que la Normandie est riche d’histoires mettant en scène ces créatures que l’on appelle ici “varous”. Ces croyances, très répandues au Moyen Âge, se retrouvent aussi dans la mythologie scandinave qui mentionne l’existence d’esprits mauvais pouvant transformer les hommes en chien ou en loup.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 371950-loupgarou-2



Il y a dans la commune de Grévilel trois vallons parcourus chacun par un ruisseau qui se rend à la mer. Entre deux ce sont des hauteurs qui se terminent par des falaises. La première de ces vallées venant de Cherbourg est celle du Hubilan, qui était autrefois le domaine favori des fées, la seconde est la valle du Câtet, qui abouti près du trou de Sainte-Colombe.

Le troisième est le Val-Ferrand, qui aboutit à la mer en un endroit qu’on appelle le Douet-du-Moulin. Ce vallon est le plus boisé et le plus sauvage des trois. Il a aussi sa légende.

Le vallon est profond. A mi-hauteur, du côté est, s’élève une habitation perdue au milieu de grands arbres; derrière et à côté, des jardins et des champs en pente rapide; dans la vallée même, un moulin. C’est très pittoresque, mais très isolé. Les maisons les plus voisines sont à près d’un kilomètre de là. Quand le moulin marche, quand l’eau qui tombe d’en haut fait tourner les roues à grand bruit, on aurait beau crier, on ne serait pas entendu.

C’est ce qui arriva au milieu du XVIe siècle à un M. de Rikmé, qui était venu s’y établir. Il fut assassiné à coups de hache, et la même hache servit à tuer le meunier dans son moulin. C’était au milieu du jour. Tout le monde était à travailler aux champs.

Personne n’entendit rien, ou du moins si l’on entendit, si l’on vit les meurtriers, qui étaient en même temps des voleurs, personne n’en dit rien. On eut recours, en désespoir de cause, à un moyen qu’on employait quelquefois avec succès pour découvrir les crimes cachés. Un dimanche, dans toutes les églises du pays, on lut en chaire un monitoire où les faits étaient relatés et où on sommait, au nom de Dieu, les auteurs, victimes ou témoins du crime, de déclarer ce qu’ils savaient, sous peine, s’ils ne s’exécutaient, d’encourir l’excommunication majeure. Le monitoire était lu trois dimanches de suite, avec un appareil propre à frapper les fidèls de terreur. A la fin de la troisième lecture, le prêtre, après avoir adressé une dernière et solennelle sommation à ses auditeurs, jetait à terre le cierge qu’il tenait à la main et l’éteignait en marchant desus.


- “Tout est consommé”, disait-il, “l’excommunication est encourue. Les auteurs du crime, les témoins qui ne se sont pas déclarés sont rejetés de l’Eglise”.

La terreur fut profonde à Gréville quand le prêtre fulmina cette excommunication, mais personne ne bougea. Les meurtriers ne se trouvaient pas dans l’église; il y avait pourtant dans l’auditoire quelqu’un qui, sans avoir participé au crime, en avait été le témoin involontaire. Si on l’avait regardé, sa pâleur en ce moment aurait pu le trahir, mais personne ne le regarda, et quand il sortit de l’église il était redevenu assez maître de lui-même pour ne pas attirer l’attention sur lui.

Cet individu était un valet de ferme appelé Gliauminot. Il couchait habituellement dans la grange, où il s’était fait un lit dans le blé. Une nuit, comme il dormait – c’était la messe de Noël, pendant la messe de minuit, au moment où les animaux s’agenouilent, dit-on dans les étables – il lui semble tout à coup que quelque chose de lours se jette sur son dos; il se lève, ouvre la porte et voilà que, malgré lui – il l’a assuré plus tard –, il se met à courir comme un fou à travers les mares, les cavées, les fondrières, les ronces et les buissons, marchant devant lui sans pouvoir s’arrêter, sans pouvoir se diriger et emporté par une force irrésistible. Arrivé à un carrefour à quatre chemins, il se sent cinglé de septs coups de fouet vigoureusement appliqués. Il en est de même à chaque carrefour, mais il ne voit personne. C’est une main invisible qui le frappe.

Il croise plusieurs de ses connaissances; il les reconnait mais elles ne le reconnaissent pas; il veut leur parler, les sons s’arrêtent dans sa gorge, il ne peut articuler un seul mot. Et puis ces rencontres sont rares. Les chemins où on le fait courir sont si déserts, si impraticables, que presque personne n’y passe. Gliauminot était valet chez les Vertbois. Un valet qui avait à lui parler alla le chercher à la grange de très bonne heure; il fut étonné de ne pas le trouver, mais il fut bien plus étonné encore quand, au bout d’un moment, il le vit arriver, brisé, éreinté, les mains ensanglantées et crotté jusque par-dessus la tête.

- “ D’où arrives-tu?” , lui dit-il. “ On dirait que tu viens de porter le varou!”
- “Eh bien! … tu me promets le secret ?”
- “ “certainement”
- “Eh bien! Tu as deviné: je viens de porter le varou. Voilà ce que l’excommunication m’a valu. Et j’en ai comme ça pour un mois jusqu’à la chandeleur. N’en dis rien, surtout, il ne faut pas qu’on le sache. Mais toi, si tu me rencontrais, par hasard – il faut que ce soit par hasard -, sais-tu ce que tu devrais faire?”
- “ “Oui, il faudrait sauter sur toi et te “faire du sang” entre les deux yeux”
- “Si le sang coulait, ne fût-ce qu’une goutte, je serais délivré. Seulement il faudrait être très adroit. Si tu ne réussissais pas ma peine serait doublée”.
- “ Ah! Ça, il parait que vous êtes plusieurs à porter le varou, car voici ce qu’on m’a raconté pas plus tard qu’hier. Au carrefour qui est entre Gréville et Nacqueville, un domestique trouva, la semaine dernière, un habit de bure en bon état, il les rit. Mais la nuit d’après, il fut réveillé par une voix qui lui ordonnait de reporter l’habit où il l’avait trouvé. Il le reporta. Un homme qui l’attendait là lui dit : - “ Tu as bien fait de le rapporter, sans cela c’est toi qui aurais couru à ma place”.
- “C’est qu’il avait eu trop chaud et qu’on lui avait permis d’ôter ses habits pour mieux courir. Au reste, si je suis coupable, je suis le moins coupable de tous, et il n’est pas juste que je sois punit tout seul”.
- “ “Tu sais donc le secret de Vaouferand?”
- “Eh bien ! Oui. J’étais là, pas loin, j’ai tout vu, mais je n’ai pas osé, je n’oserais pas encore le dire. C’est toujours les pauvres qui souffrent des sottises des grands personnages. Ca me fait plaisir d’apprendre que d’autres que moi sont punis”.

Le valet fit sa peine, assure-t-on, et ne dénonça personne, si bien qu’on n’a jamais su au juste quels furent les meurtriers de M. de Rikmé
Auteur : Jean Fleury, 1883 (Le Varou) – source : http://www.lefantastique.net


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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:17

Le lac maudit de Normandie



Aussi nommé le lac des maudits, le lac Flers est au coeur d’une ancienne légende normande.


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Près de la ville de Flers se trouve un bois dans lequel est renfermé un étang, ou plutôt un petit lac. Ce lieu est silencieux et isolé, et le mirage des grands arbres estompe la surface du lac de teitnes si sombres qu’on se prend à rêver de quelque effrayant mystère qui se cache, comme un limon impur, au fond de ces eaux dormantes.

Il y a beaucoup, beaucoup d’années, dit la tradition, existait, sur cet emplacement, un couvent, fondé par un pécheur repentant, en expiation de ses péchés. Durant les premiers temps de la fondation, les moines menèrent si sainte vie que les habitants de la contrée environnante accouraient en foule, pour être édifiés de leurs pieux exemples et de leurs touchantes prédications. Mais le couvent devint riche et somptueux, et, peu à peu, les moines se départirent de la stricte observance de leur règle. Bientôt, l’église du monastère demeura fermée, les chants religieux cessèrent de retentir sous ses voutes, une clarté trimphante ne vint plus illuminer ses sombres vitraux, et la cloche de la prière ne se fit plus entendre son tintement matinal pour réveiller tous les coeurs à l’amour de Dieu. Mais, en revanche, réjoui de mille feux, ne désemplissait ni le jour ni la nuit; des choeurs bachiques, où perçaient des voix de femmes, frappaient tous les échos de leur sacrilège harmonie, et les éclats d’une folle ivresse annonçaient au voyageur et au pèlerin qui passaient devant l’enceinte du monastère que le sanctuaire de la dévotion et de l’austérité s’était transformé en une Babel d’impiétés et de dissolutions.

C’est ainsi, il arriva que, la veille d’une fête de Noël, les moines, au lieu d’aller célébrer l’office, se réunirent pour un profane réveillon. Cependant, quand vint l’heure de minuit, le frère sonneur étant à table avec les autres, la cloche qui, d’ordinaire, se faisait entendre à cette heur pour appeler les fidèles à la messe, commença à sonner d’elle-même ses plus majestueuses volées. Il y eut alors, dans le refectoire, un moment de silence et de profonde stupeur. Mais un des moines les plus dissolus, essayant de secouer cette terreur glaçante, entoura d’un bras lascif une femme assise à ses côtés, prit un verre de l’autre et s’écria avec insolence:

- “Entendez-vous la cloche, frères et soeurs? Christ est né, buvons rasade à sa sante!”
Tous les moines firent raison à se toast, et répétèrent, avec acclamation :
- Christ est né, buvons à sa santé!”


Mais aucun d’eux n’eut le temps de boire: un flamboyant éclair, comme l’épée de l’archange, entrouvrit la nue; et la foudre, lancée par la main du Très-Haut, frappa le couvent, qui oscilla sous le choc, et tout à coup s’abîma à une grande profondeur dans la terre. Les paysans, qui s’étaient empressés d’accourirà la messe, ne trouvèrent plus, à la place du monastère, qu’un petit lac, d’où l’on entendit le son des cloches jusqu’à ce que le coup de la première heure du jour eut retenti.

Chaque année, disent les habitants du pays, on entend encore, le jour de Noël, les cloches s’agiter au fond du lac; et c’est seulement pendant cette heure, où les moines sont occupés à faire retentir le pieux carillon que ces malheureux damnés obtiennent quelque rémisison aux tourments infernaux qui les consument de leurs plus dévorantes atteintes.
(auteur : Amélie Bosque, 1844 (Le Lac de Flers)


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La fée d’Argouges



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Le château de Gratot © Olivier Rault - fotolia.com



La commune de Gratot, dans le département de la Manche, abrite un château construit au XIIIe siècle. Cette demeure dont la sauvegarde, aujourd’hui terminée, a été entreprise en 1968 par une équipe de passionnés fut pendant sept siècles la propriété de la famille d’Argouges.

L’histoire dit qu’un jour, un des seigneurs de Gratot se perdit dans la forêt lors d’une chasse au loup. Il rencontra une jeune fille extraordinairement belle. Celle-ci lui indiqua son chemin avant de disparaitre. Les jours suivants, le seigneur retourna dans la forêt dans l’espoir de la retrouver. Sa persévérance fut récompensée, si bien que l’amour finit par habiter leurs deux coeurs. Notre fée, puique s’en était une, accepta d’épouser le châtelain mais celui-ci dut consentir, sur l’honneur, à ne jamais prononcer le mot “mort”. Le seigneur jurant qu’il ne sortirait plus de sa bouche, le mariage put être célébré.

Pendant dix ans, ils vécurent heureux dans leur château jusqu’au jour où, alors qu’ils devaient assister à un tournoi, le seigneur attendait son épouse qui s’apprêtait. L’impatience le gagnant, il s’emporta :
“Belle Dame, vous êtes si longue à vos besognes que seriez bonne à aller quérir la MORT”.
Le mot maudit à peine prononcé, la fée poussa un cri déchirant et bascula par l’une des fenêtres, pour disparaitre dans les douves du château. Aujourd’hui encore, on peut voir l’empreinte que son pied a laissé sur le rebord de la fenêtre. A ce qu’on dit, les soirs de tempêtes, on peut l’entendre, dans les ruines du château, poussant un cri déchirant: “La mort, la mort…”

On notera que cette légende est également racontée à propos du château de Rânes, près d’Argentan dans le département de l’Orne, ainsi que d’un autre situé près de Bayeux; ces propriétés ayant toutes deux appartenu àla famille d’Argouges.
- Pascal Villeroy

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LE DOLMEN DE ROCHE-GRISE


La Roche-Grise se trouve presqu’à la limite de Saint-Clément. Elle est en face de Balandon, qui forme le versant nord du promontoire au pied duquel sont groupées les premières habitations de la ville de Mortain. Les restes d’un dolmen celtique lui ont fait une certaine réputation dans le pays, et surtout avant que la grande route de Caen à Rennes eût été abandonnée pour celle du Neufbourg, il était le but de promenades journalières. Dans nos courses à Roche-Grise, nous avons bien des fois entendu répéter sa légende et nous voulons la redire.

Un jour, raconte-t-on, deux personnages durent se rencontrer, comme par hasard, à peu de distance du dolmen. L’un était de haute taille, vêtu correctement de noir, avec une barbe en pointe, et d’une tenue assez sévère; il semblait déjà d’un certain âge. L’autre était un jeune écuyer d’une vingtaine d’années, au costume élégant, à la toque surmontée d’une aile blanche de colombe.
“me connais-tu?” demanda le premier au jeune homme
“Non, seigneur” , dit celui-ci
“Tu as cependant entendu parler de moi, j’en suis certain…Tes compagnons, je n’en doute nullement, ont dû t’entretenir souvent de quelques petites services que je leur ai parfois rendus!...Je suis Satan et je suis tout près à t’offrir mes bons offices, si cela te convient.”

Tout autre que notre jouvenceauu se fût effrayé à ces mots. Beaucoup se seraient même enfuit; mais il ne bougea pas de place et fixa fort attentivement son interlocuteur.

“Tu es satan!” répondit-il, tant mieux si je puis compter sur ton aide
“Je le savais: c’est pourquoi je suis venu, car je te cherchais…Ecoute! J’ai deviné que tu aimes éperduement la femme de ton seigneur et maître, dont la beauté extraordinaire a enflammé déjà les coeurs de plusieurs de tes camarades. Mais jusqu’ici aucun d’eux n’as su la toucher!...Elle n’a pas voulu en écouter un seul et ses vertus ont irrité ma colère!...Eh bien!... je veux te seconder dans les projets. Je ferai tout le possible pour les faire réussir!... Seulement, je n’y vais pas par des voies détournées, je veux ton âme en retour”.
“Qu’importe, si je réussi à être aimé!!...Que dois-je faire?”
“M’accompagner à la Roche-Grise et y signer, sur la pierre, l’engagement que je te présenterai et que tu me remettras”.
“Allons-y de suite” , répartit vivement l’adolescent.

Le dolmen se trouvait alors en pleine forêt, au centre d’un vaste plateau. Il se composait de deux immenses bornes, fichées en terre, sur lesquelles s’appuyaient deux des angles d’une large pierre en forme de table, dont les deux autres angles reposaient sur le sol. Tout à l’entour, des chênes gigantesques et séculaires projetaient leur ombrage sur le monument.
Une fois arrivée à la roche, Satan introduisit son compagnon dans une sorte de chambre ou caveau pratiqué sour la table de pierre. Puis, s’asseyant, il se mit à écrire l’engagement arrêté entre eux et présentant au jeune homme un calame, il l’engagea à signer, ce qui fut aussitôt pour lui.
“Bien!...très bien!” , dit le démon… “Maintenant, prends cette pièce de monnaie. Il te suffira de faire toucher par elle la serrure de l’appartement où tu sauras trouver la jeune femme que tu désires…Seulement, n’oublie pas de rapporter ici, dès demain matin, cette pièce de monnaie.
… en outre, j’ai une dernière recommandation à te faire: tu ne dois t’en servir qu’à la nuit venue…Maintenant, va-t-en tranquille! Ton seigneur et maître est en voyage et tu n’as rien à craindre, mon fils!...”


Après avoir entendu toutes ces recommandations le misérable rentra au plus vite au château, qui n’était autre que le manoir seigneurial de Saint-Barthélemy, nommé La Sablonnièr, alors entouré de fortifications.

Une fois la nuit venue, il présenta la pièce qu’il avait reçue aux diverses portes qui se trouvèrent sur son passage; elles s’ouvrirent devant lui aussitôt. Mais la noble châtelaine était dans son oratoire, à genoux sur son prie-Dieu, et tenant enserré dans ses bras un crucifix d’ivoire, en une invocation toute angélique, que rien en peut troubler.

Le lâche séducteur dut alors se retirer à reculons, à pas lents.

Dès l’apparition des premiers rayons du soleil, il se rendit en toute hâte à la Roche-Grise. Satan l’y attendait appuyé sur le dolmen.
“Bien” dit le démon, “tu es exact! Remets la pièce à sa place, tu la reprendras ce soir”.

L’écuyer pénétra aussitôt dans le caveau.
Mais à peine y était-il, que Satan donna un fort coup de pied à l’un des supports du monument.
L’énorme table de pierre s’affaissa brutalement aussitôt, écrasant sous elle le malheureux.
Satan disparut en faisant entendre un ricanement sinistre.

Vers l’année 1820, des cultivateurs, en soulevant ce mystérieux bloc de granit gris, trouvèrent sous la pierre druidique quelques fragments d’os humains calcinés et une pièce de monnaie gauloise en or, qui fut remise et offerte au sous-prefet d’alors. L’un de ses fils, le colonel de l’E…, me l’a montrée dans la riche collection de son père. Je me souviens qu’en examinant avec attention la statère d’or d’une magnifique conservation, nous l’appelion la “pièce du diable”.
(Légendes Normandes Huitième Edition – 1927 –M. Hyppolyte Sauvage – Graphie Conservée)


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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:18

Apparition du navire des morts sur la jeté de Dieppe le 2 novembre

(d’après “Histoire de Dieppe” (par L.Vitet) paru en 1844 et “Recueil de l’Académie des Jeux Floraux” paru en 1848)




CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 746174-vaisseau-fantome
Le Vaisseau Fantôme. Peinture de Michael Echter



D’après une légende très accréditée en Normandie, un bruit sinistre se fait entendre pendant la nuit de la Toussaint, du 1er ou 2 novembre, à la pointe de la jetée de Dieppe. Une tourmente se lève sur la mer, et du milieu des vagues le Navire des Morts paraît, ainsi appelé parce que sont à bord les trépassés de l’année. Se promenant longtemps sur les flots dans le silence et dans les ténèbres de la nuit, il s’y abîme ensuite aux sons d’un choeur chanté par les morts, sur l’air du Dies irae.

Le jour des Morts est pour les marins une grande solennité; ce jour leur rappelle tous les naufrages de l’année : ils prient avec ferveur pour ceux qui reposent au fond des flots. Toutefois, parmi les victimes, il en est toujours un certain nombre que leurs parents ou leurs amis ont négligées, qui attendent des messes, des prières, et ont un compte à régler avec les vivants; de la l’histoire qu’on vous raconte à Dieppe.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 582401-vaisseau-des-morts
http://arcus.centerblog.net/rub-le-vaisseau-des-morts-.html


Presque chaque année, le jour des Morts, on voit apparaitre au bout de la jetée un des navires qui ont péri depuis un an; on le reconnait : ces ont ses voiles, ses cordages, sa mâture; c’est bien lui. Le gardien du phare lui jette la drome, l’équipage du vaisseau la saisit, et l’attache à l’avant-pont, suivant l’usage; alors le gardien de crier aux gens du port : “accourez, accourez! Veuves, voici vos maris, orphelins, voici vos pères!”.

Et les femmes accourent, suivies de leurs enfants; tous s’attellent à la drome et halent le bateau. Bientôt il est dans le bassin, près du quai; chacun reconnait ceux qui sont à bord. “bonjour, mon homme; bonjour, mon père; bonjour, Pierre, Nicolas, Grégoire”L’équipage ne répond pas. “Allons, amenez vos voiles”; les voiles restent tendues. “Venez donc, que nous vous embrassions”. A ces mots on entend sonner la messe, et aussitôt les voiles, le bateau, l’équipage, tout disparaît; les femmes et les enfants des naufragés s’en vont à l’église en pleurant. “Payez-vos dettes” murmure autour d’eux la foule des spectateurs.

Cette légende est quelquefois contée d’une autre manière. Les Polletais disent que le jour des Morts, à la nuit tombante, il arrive parfois qu’on voit s’approcher du bout de la jetée du Pollet un bateau que l’on prendrait pour un bateau du port. Le maitre haleur, trompé par l’apparence, s’apprête à jeter la drome; mais lorsqu’il étend les bras, la figure du bateau s’évanouit, et l’on entend par les aires des voix plaintives : ce sont celles des hommes du Pollet qui, dans le cours de l’année, sont morts en mer, loin des yeux de leurs parents, et sans sépulture.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 316571-tableau-charles-meryon
Le vaisseau fantôme par Charles Meryon

Un marin qui oublie les voeux et les promesses qu’il a fait aux saints pendant la tempête, ne trouve jamais dans l’autre monde ni trêve ni repos. Si vous en doutez, sachez ce qu’il advint, il ya quelques siècles, au bedeau de Notre-Dame-de Grèves, l’église du Pollet.
Le lendemain d’une grande tempête, vers minuit, le bedau entend sonner la messe; il saute à bas du lit, se frotte les yeux, prête l’oreille; c’est bien la cloche de l’église. “Est-il déjà jour?”. Il ouvre sa lucarne; la lune, cachée derrière les nuages, répandait une faible clarté. “Le soleil va se lever”, dit-il; “j’ai donc bien sommeillé?”. Et le voila qui endosse sa casaque et descend à l’église. La porte est ouverte; un prêtre est au pied de l’autel. “Sers-moi la messe”, lui dit le prêtre; et le pauvre bedeau prend le burettes en tremblant.

Mais quand vient le moment du sacrifice, quand le prêtre va pour porter le calice à ses lèvres, il pousse un cri, sa chasuble tombe; il n’est plus qu’un squelette. “Maître Pierre”, dit-il au bedeau, “Mon pauvre Pierrre, tu ne reconnais pas Reynaud, dont le bateau a péri le lundi de Pâques sur la roche d’Aily? J’avais fait voeu d’une messe à Notre-Dame, et j’ai oublié mon voeu. Je voudrais, pour m’acquitter, la dire moi-même, cette messe! Mais quand je vais pour communier, tout l’enfer passe par ma gorge; je brûle, maitre Pierre! Dites à mon fils de ne pas oublier les messes qu’il aura promises à Notre-Dame”.

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Selon d’autres récits, le squelette n’est pas celui d’un maitre de bateau, mais bien celui d’un prêtre. Dans ce cas, la légende est une leçon populaire donnée au clergé lui-même.

Au contraire, quand le bateau a été bien baptisé, qu’il a de bons parrains, que tous les matelots ont fait leurs Pâques; quand ils ont à bord de l’eau bénite et des crucifix, alors survient un orage, vous voyez au fort de la tempête l’équipage se doubler tout à coup. Vous étiez six matelots, vous voilà douze : chacun a son sosie qui travaille à côté de lui. Aussi comme la manoeuvre est rapide! Comme le vaisseau triomphe du vent et de la vague! C’est le saint son patron et quelques saints de ses amis qui sont descendus pour le sauver.


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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:19

l'Abbaye de Mortemer



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Fantômes et légendes


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Il peut y avoir autant de l'esprit d'un siècle dans une simple légende que dans les pages les plus véridiques de l'histoire. Victor Hugo, avec cette phrase issue de " la légende des siècles " ne s'y était pas trompé. Rien n'est innocent. Mortum-mare, Mer-morte, l'origine étymologique de Mortemer pèse sur ces lieux ... La forêt, milieu sauvage et inconnu où règnent les elfes et les lutins a-t-elle pris le pas sur la raison ?


Depuis plus de 80 ans, Mortemer est un lieu hanté. Simple légende, la Garrache, cette femme louve apparue en 1884 à Roger Saborreau ? Mathilde, la dame blanche, femme et rêve la fois, où bien encore, les fantômes des quatre moines massacrés sous la Révolution ? La population refuse d'y croire mais la rumeur y fait sans cesse référence. L'Abbaye fut exorcisée en 1921. Jacqueline Charpentier Caffin, actuelle gardienne des lieux, affiche raison gardée...
Un guide à l'accent du Nord déclarait avoir fait visiter l'Abbaye à une jeune fille qui jeta une épingle à cheveux dans la source Sainte Catherine. L'année suivante, elle revint avec son époux rencontré grâce à ce geste.

Un autre témoin, resté seul au sein de l'Abbaye un après-midi afin de terminer un travail, entendit durant quelques secondes les pas d'une personne au rez-de chaussée. Faisant le tour des pièces, il ne vit âme qui vive. Il confia : " C'étaient les pas pesants de quelqu'un marchant lentement en réfléchissant. J'ai vraiment eu très peur, et aujourd'hui encore, je ne sais qu'en penser ". Troublant, n'est-ce pas ?




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http://researchsupernatural.doomby.com/album/abbaye-de-mortemer-realiser-sans-trucages/


Une artiste peintre de Lisors spécialiste de l'héraldique, art des armoiries, travailla longtemps avec l'ancien propriétaire de l'Abbaye aujourd'hui décédé. Pour elle, incontestablement, Mortemer était un lieu où il se " passait des choses ". Elle décida de ne plus y retourner. Q'avait-elle vu ou entendu ? Mystère...

Appartenant à l'ordre Cistercien, les moines devaient bannir tout confort. Pourtant, la chapelle située derrière le cellier était chauffée. Comment ? Nul ne peut le dire. Toujours est-il qu'en hiver, la neige à cet emplacement ne demeure pas. La végétation pousse très tôt et il s'en dégage un bien être inexplicable.

Personne ne pu jamais parvenir à entreprendre des fouilles sur le site de Mortemer. Immobilisations, décès, ont toujours contrecarré ces projets.
L'Abbaye renfermait autrefois beaucoup d'interdits. Ainsi, les noces et les banquets devaient toujours se clore à deux heures du matin. S'y aventurer une nuit de pleine lune après le 15 Août ? Personne n'y songeait.

Aujourd'hui encore, il arrive que les lignes téléphoniques se mélangent, le courant subit des baisses de tension inexplicables malgré les travaux effectués et la venue de spécialistes. D'ailleurs, l'Abbaye n'est pas le seul lieu dans la région à avoir été le fait d'évènements inexplicables.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 739745-mmortemer
Mortemer vue de l’étang
source : http://www.lyons-andelle-tourisme.com/evenement/visite-guidee-thematique-a-labbaye-de-mortemer-a-lisors-9/[/center]


L'Eure, avec ses brumes du petit matin, ses pluies, vit avec un passé riche en mystères. Le matérialisme et le rationalisme de notre siècle ne sont pas parvenus à bout de ce " Merveilleux ".
Le musée de Mortemer vous fera découvrir ses légendes et peut-être surprendrez-vous en flânant le long des étangs une ombre ? Un frôlement ? Les portes du surnaturel demeurent entrouvertes...


La fontaine des célibataires


A l'intérieur de l'Abbaye de Mortemer se trouve un lavabo du XIIème siècle où les moines se lavaient le visage, les mains et les pieds avant d'aller prendre leur repas.
Il y jaillit encore une eau aux vertus magiques: c'est la fontaine Sainte Catherine.
Des régions proches ou lointaines, les jeunes filles à marier venaient et viennent encore à la fontaine, elles y jettent une épingle à cheveux ou une pièce, afin de trouver un mari dans l'année.
Cette légende donna naissance à trois prières.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 217415-fontaine-ste-catherine
La fontaine Sainte-Catherine de l'Abbaye de Mortemer


La plus ancienne :

Catherine chère patronne
nous sommes à vos genoux
oh vous, qui êtes si bonne
ayez pitié de nous.
Oui nous osons le dire
nous voulons nous marier
et c'est vraiment sans rire
que nous venons prier.
Nous voulons de l'amour
gôuter la joie profonde
et prendre à notre tour
notre place dans le monde.


La seconde, inscrite sur la fontaine:

Sainte Catherine soyez bonne
Nous n'avons plus d'espoir
De nos coeurs fortement épris
Donnez nous un mari.



Quand à la troisième, elle est dite à l'intérieur de l'Abbaye :

Catherine,catherinette ma mie,
il me faudrait bien me marier
Catherine,catherinette ma mie,
ne voudrais tu pas m'écouter
Catherine,catherinette ma mie,
voici mon épingle dorée
je te la donne et je t'en prie
que me vienne un beau cavalier


Légende! vous avez dit légende ?

CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 477297-fontaine
Mortemer : fontaine Sainte Catherine
source : http://www.lyons-andelle-tourisme.com/evenement/visite-guidee-thematique-a-labbaye-de-mortemer-a-lisors-9/


Pourtant, aujourd'hui encore, ils sont nombreux, ces gens si heureux d'avoir trouvé l'amour, qu'ils écrivent spontanément pour te remercier fontaine, jolie fontaine...


http://www.abbaye-de-mortemer.fr/fr/contes-legendes-abbaye-mortemer-dame-blanche.html
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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:19

La demoiselle de Tonneville.



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Du vivant de la fille d’un seigneur de Tonneville qu’on ne désigne pas autrement que sous le nom de Demoiselle, il y avait procès entre les deux paroisses pour la propriété de la lande, que chacune voulait posséder seule. Ce procès qui durait depuis longues années, la Demoiselle le prit si fort à cœur qu’elle s’écria un jour :
– Oui, si j’avais un pied dans le ciel et l’autre dans l’enfer, je retirerais le premier pour avoir la lande toute entière.

Ces mots furent répétés et commentés dans le public, et à sa mort on s’attendait à quelques prodiges ; on ne s’était pas trompé : sa mort fut naturelle à la vérité, mais le lendemain le clergé étant venu pour l’enterrer, on descendit le corps du catafalque où il avait été déposé, et l’on se mettait en devoir de l’enlever, quand, arrivés auprès de la porte extérieure, les porteurs furent obligés de s’arrêter et déposer le cercueil, tant il était devenu lourd tout à coup.

Après s’être reposés un instant, ils essayèrent de le reprendre, mais il leur fut impossible de le soulever. Les hommes les plus robustes de l’endroit furent inutilement appelés ; les chevaux qu’on y attela ne réussirent pas davantage ; on fut obligé de renoncer à l’inhumation en terre sainte et il fallut consentir à la faire sous le seuil même de la porte cochère où le cercueil est encore.

Depuis ce moment, les landes de Tonneville et de Flottemanville sont chaque nuit visitées par la Demoiselle, qui s’y promène en grande robe blanche, épiant les passants pour les jeter dans les fossés, et, quand elle a réussi, s’enfuyant avec de grands éclats de rire. Un jour, un laboureur attardé qui traversait ces landes entendait une voix répéter de temps à autre :

– Où coucherais-je cette nuit ?
Le paysan, lassé d’entendre ces paroles et voulant plaisanter :
– Avec moi, répondit-il.

Il n’avait pas achevé ces mots qu’une dame blanche s’asseyait derrière lui sur la croupe de son cheval et passait ses bras autour de lui ; le paysan tremblait de tous ses membres, l’animal prit le mord aux dents et courut se précipiter dans une espèce d’étang qui se trouve au bas de la lande. Heureusement que l’eau n’était pas assez profonde pour engloutir l’homme et l’animal, et qu’il parvint à sortir de ce mauvais pas ; la dame avait disparu au moment où le cheval était entré dans l’eau.
Jean FLEURY - Traditions populaires des environs de Cherbourg


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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:20

LE SIRE DE LA LANDE-PATRY



Selon la légende, un des sires de la Lande-Patry dans l’Orne, qu’on appelait Ganne, fut de son temps la plus grande terreur de la région. Commettants pillages, meurtres, enlèvements et incendies à la tête d’une troupe de cavalliers, il n’avait de cesse que de répandre, dans les campagnes, terreur, désolation, s’en prenant aux plus humbles et aux plus pauvres.


Longtemps, les tentatives pour s’emparer de Ganne demeurèrent sans succès. Il ne manquait jamais de ressource pour échapper à ses poursuivants. Même assiégé dans son château, il parvenait à s’enfuir par quelques souterrains secrets ou en se dissumulant dans un cadavre de cheval qu’on transportait derrière ses ennemis. Mais un jour, pris dans une embuscade, il tomba sous le nombre et fut capturé. Soigneusement masqué, on l’apporta à son domaine. A la châtelaine venue aux devants des paysans qui arrivaient au château, on demanda quel sort réservée à un scélérat aux mains couvertes de sang. Celle-ci ordonna qu’on l’enferme dans un tonneau aux paroies garnies de pointes, puis roulé du haut d’une colline. C’est ainsi que Ganne dût subir le supplice qu’il avait entendu dicter, par sa propre femme, aux paysans.
Source : “légendes de Basse-Normandie” – Edouard Colin – Charles Corlet Editions – Condé-Sur-Noireau -1992

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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:21

L’ÂME CHANTANTE DE CORNEUIL

Derrière une des montagnes qui accidentent le sol de la commune de Corneuil, s’élevait, il y avait bien longtemps, une petite chaumière cachée dans un bouquet de hêtres et de chênes.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 478725-maison
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C’était la demeure d’une pauvre vieille femme, à laquelle le ciel n’avait donné qu’une seule joie pendant sa vie qui comptait ses jours par des chagrins.

C’était Marthe, sa fille, une charmante enfant, que rien de plus gracieux jamais n’avait été admiré. Elle était frêle et élancée; à la voir belle comme le bon Dieu l’avait faite, on eût voulu la presser une fois dans ses bras, au risque de la briser sur son coeur. Ceux qui la rencontraient étaient peu nombreux à la vérité, mais tous gardaient son image dans leurs pensées, comme le portrait d’une sainte du Paradis.

Marthe, l’humble et simple fille, avait encore un autre charme que sa beauté, mais celui-ci était presque un secret entre elle, sa mère et la solitude. C’était une voix d’une pureté, d’une douceur, d’une étendue au-dessus de toute voix humaine.


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Le soir, après ses modestes occupations, la jeune fille s’asseyait près de sa petite lampe, et, tout en travaillant, elle récitait à sa sainte patronne des cantiques qui devaient trouver un écho dans les choeurs des anges. Souvent sa mère émerveillée laissait tomber son ouvrage et demeurait des heures entières à l’entendre, car les sons et les mélodies se succédaients comme par enchantement, variant à l’infini, toujours suaves pourtant et merveilleusement cadencés.
“chante, mon enfants, lui disait la vieille femme; tant que tu chanteras, tu seras vertueuse et heureuse.
Elle se trompait, la pauvre mère.

Marthe allait avoir dix-sept ans, mais elle était trop pauvre pour se marier, et les rustres du village voisin, tout en admirant sa beauté, n’auraient pas voulu d’une compagne aussi frêle que les blanches fleurettes qui croissent sur les marais, et que flétrissent les premiers rayons du soleil.

Un jour sa mère étant aux prés, elle avait sorti, sous l’ombre du berceau protecteur de sa cabane, sa chaise de bois et son rouet; l’air de la campagne était rempli de la douce saveur du mois de mai. En respirant la brise odorante, Marthe chantait un de ses plus beaux cantiques; à chaque refrain, sa voix parfaite, sans travail, balançait des notes presque impossible et des accents d’une étendue sublime. Grand fut son étonnement, après avoir achevé, de se voir entourée de brillants chevaliers, attirès dans ce lieu par les sons qu’ils avaient entendus, et la dévorant du regard. Sa surprise fit bientôt place à l’effroi; elle distingua parmi ses auditeurs Monseigneur le Vicomte de Corneui, son propre suzerain, l’un des plus terribles et des plus pervers seigneurs du pays. il imposa cependant le silence aux téméraires propos de ses compagnons; mais il jeta à la pauvre chanteuse un regard qui la fit trembler. Elle ne chanta plus de la journée. Le soir, à la veillée, sa mère lui demanda pourquoi elle se taisait.
“Bonne mère, lui dit-elle en l’embrassant doucement, j’ai peur”.


Elle ne voulait point lui apprendre ses pressentiments; - elle eût mieux fait peut-être, car le lendemain, à la même heure, deux hommes en livrées l’entrainaient au château.

“Monseigneur, s’écria-t-elle, tout en pleurs en voyant venir le sire à sa rencontre, sauvez-moi, protégez-moi !

“Vous êtes en lieu d’asile, mon charmant rossignol, et je vous prend sous ma haute protection”. En disant, il fit un signe à ses valets qui lâchèrent la jeune fille; mais en regardant derrière elle, elle s’aperçut que le pont-levis était relevé.

“Soyez bon, monseigneur, rendez-moi à ma mère!”
“certes, oui, mon archange, mais à une condition”.

“non! Non! Soupira-t-elle, car elle avait deviné. Elle était captive. On l’enferma dans une cellule en haut du donjon, comme un oiseau dans une cage.

Le soir le vicomte, plein de mauvais désirs, apparut sur la porte de la prison; il espérait triompher aisément de cette faible enfant, qui n’avait pour défense que sa candeur de vierge et ses prières. O merveille ! il s’arrêta au seuil, fasciné, saisi par le chant de sa victime agenouillée devant la madone. Et comme si ces précieuses invocations eussent éloingé l’esprit du mal, il ne se sentit pas le courage de pénétrer plus avant. Quand elle eut fini sa prière, Marthe entr’ouvrit sa fenêtre; à travers les barreaux qui la garnissait extérieurement, elle aperçut à la clarté de la lune une vieille femme qui lui tendait les bras.

“Ma mère!” dit-elle, le coeur gros de chagrins. Le lendemain ce fut la même chose et tous les jours suivants pendant plusieurs mois, chaque fois que le méchant seigneur essayait de porter la main sur sa captive, un chant triste et mélancolique lui enlevait sa coupable ardeur. Ceux qui passaient alors sous les murs du donjon se signaient pieusement: il leur semblait qu’un ange fût venu chasser le démon du castel.

Mais un soir, la vieille femme ne parut pas sur le tertre, et dès-lors une douleur de plus dévora le coeur de Marthe. Plus elle allait, plus ses chants devenaient ravissants, plus sa voix se divinisait, mais en proportion de ce qu’elle gagnait de ce côté, elle diminuait physiquement à vue d’oeil; ce n’était plus que l’enveloppe d’une jeune fille.
A force de l’entendre et de l’admirer, son cruel geôlier s’était adouci; seulement, en perdant son amour pour la forme matérielle; il s’était passionné pour sa voix, et ne lui refusait plus que la liberté, parce qu’il n’était satisfait qu’en l’entendant chanter.

Un matin qu’elle avait passé la nuit à charmer le vicomte, elle se trouva tellement affaiblie, qu’il n’osa lui refuser la permission d’aller au cimetière porter une fleur sur la tombe de sa mère. Ce pieux devoir rempli, Marthe se traina jusqu’à l’église; c’était le moment du sacrifice, tous les villageois étaient en prière, elle s’agenouilla près d’un pillier et mêla sa voix à celles qui glorifiaient le ciel.

Par un effet étrange, qu’elle produisit sans s’en apercevoir, elle commença une telle mélodie que chacun se tut respeuctueusement, et sa voix continua seule l’hymne commencé. Elle terminait à peine, que le prêtre éleva le saint des saints; en ce moment, elle tomba à genoux sur son prie-Dieu, et quand on la releva, la sainte était au ciel. Où plutôt elle avait laissé son âme ici-bas, car, chaque année, le jour des morts, à minuit, on entend dans l’église de Corneuil une voix divine qui chante des cantiques, c’est l’âme de Marthe, la chanteuse du donjon.
Source : “Légendes et Traditions de la Normandie” - 1843 – Octove Féré.



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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 16:22

LE PRIEURE DES DEUX AMANTS


C’est d’une main de fer que le sire Malaunay tenait sa baronnie. Chacun le craignait et nul n’aurait osé s’opposer à sa volonté. Or, son désir le plus cher était que personne ne lui ôtat sa fille, la douce Geneviève. Mais l’enfant avait secrétement offert son coeur au chevalier Baudouin, qui l’aimait au moins tout autant en retour. Les jeunes amants bénissaient les fréquentents parties de chasse du seigneur, qui favorisaient leurs rencontres.
Au jour de Noël, Sire Malaunay, bien loin de vouloir participer à quelque événement religieux, était une fois encore parti chasser.

Mais la foule, elle, avait à coeur de célébrer la naissance du Christ en se réunissant à la chapelle. Seulement, pour y parvenir, il fallait atteindre le sommet d’un sentier tortueux, au prix d’un grand effort. La belle Genevièvre commença l’expédition, rapidement assistée de Baudouin, qui n’était jamais loin. Mais alors que chacun progressait sur la longue et difficile pente, le baron Malaunay apparut devant les deux amants tel un loup enragé!

Alors qu’il allait corriger le jeune homme en lui perçant la peau, sa fille se jeta devant la lame qui se figea; le père était parvenu à retenir son geste à temps! Mais sa colère ne faiblit pas. S’il voulait Geneviève, Baudouin devait alors la porter, sans reprendre ses forces, jusqu’à la chapelle. S’il échouait, il serait alors au service du père. Tel était le marché lancé par le sire Malaunay.
Baudouin, qui y vit une faible chance tout de même – car enfin, il avait au moins un espoir d’épouser son amante – accepta avec grand peur.



C’est au prix d’un effort mortel qu’il porta sa bien-aimée jusqu’au sommet. Il tomba dans un souffle, pour ne plus jamais se relever. Sa belle, noyée de chagrin, ne tarda pas à la rejoindre dans la mort. Jamais sire Malaunay ne se pardonna ces deux pertes; il fit construire – et participa à la construction – un magnifique prieuré à l’emplacement même où les malheureux avaient perdu la vie, qui reposaient à présent sous l’édifice, unis dans un tombeau d’or et de marbre. Le baron devint le prieur, un prieur dévoué à l’Eglise.


CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 393583-tableau


Lorsqu’il mourut, sa dernière volonté fut respectée : on l’enterra sous une pierre sans valeur, au pied du tombeau des deux amants qu’il avait réunis dans un sort qu’il aurait souhaité tout autre.

Le prieuré prit longtemps le nom de “Prieuré des Deux Amants”.
Auteur : Elodie Leteissier, auteur de “Carla et les OxOs”



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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 17:57

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Litterature orale de la Picardie




Avant propos
Lutins et Fées
► Les lutins
► Les fées
le diable, les sorciers, les revenants
► le Diable
► Les sorciers
► Les revenants
Légendes diverses
► la Vierge et les Saints




CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 680302-picardie-1




source : É. HENRY CARNOY
Warloy-Baillon (Somme), le 21 septembre 1882.

https://fr.wikisource.org/wiki/Litt%C3%A9rature_orale_de_la_Picardie_%E2%80%93_Avant-propos


Dernière édition par Yaelle le Ven 16 Aoû - 21:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 18:01

CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 19031509541922443816160541




AVANT-PROPOS




(…)


La Littérature populaire de la Picardie,[…], n’avait pas encore fait l’objet de recherches spéciales. Ce n’est pas que cette province ne fût, sous ce rapport, aussi riche que les autres ; si l’on s’en rapporte à ce qui existe encore de Contes, de Légendes, de Chansons populaires, on peut affirmer qu’il y a cinquante ans, la littérature orale a dû être d’une grande richesse.
À cette époque, par des raisons d’économie et de commodité faciles à comprendre, les paysans se réunissaient dans les caves ou dans une grande chambre du village pour y faire la veillée.

Chacun des habitués de la veillée apportait sa bûche ou sa tourbe ; un bon feu flambait dans la vaste cheminée ; les hommes s’asseyaient autour du feu, les uns tricotant, les autres jouant aux cartes ; plus loin les jeunes filles, et dans le fond les mères de famille et les vieilles femmes occupées à filer le lin ou le chanvre. On arrivait après souper, vers cinq ou six heures, et la veillée durait souvent après minuit. C’était un brouhaha de rouets, de voix, de chansons s’entremêlant jusqu’au moment où les hommes fatigués de parler cartes ou récoltes, les femmes de dire du mal de la mère une-telle ou du père Thomas, une des fileuses interpellât le conteur ou le chanteur en titre de la veillée, pour demander un bon vieux conte ou une chanson.

Le vieux se faisait prier un peu, histoire de chercher le conte qu’il dirait, et commençait sa légende ou sa chanson. Les rouets se taisaient, les jeunes filles et les commères cessaient de caqueter, et le conte fini, un autre conteur repartait de plus belle sur un nouveau thème d’histoire. Puis on chantait en chœur, on proposait des énigmes, des devinettes, et le plaisir allait son train.

Les jeunes gens du village arrivaient et demandaient entrée à la veillée. Ils allaient prendre place à côté de la jeune fille qu’ils courtisaient et prenaient part aux chansons des vieux. L’heure de se retirer étant venue, ils reconduisaient leur « belle » et n’allaient se coucher qu’après avoir joué toutes sortes de tours à ceux qui n’étaient pas de la veillée.

Le jeudi, c’était autre chose. Les gars amenaient le ménétrier ; les vieilles femmes se rangeaient le long des murs, les vieillards se plaçaient devant le feu ; le ménétrier montait sur un bahut et la danse commençait. Le « cotillon », la « branle », le « rigodon » alternaient avec les quadrilles du bon vieux temps. Et quand les danseurs étaient fatigués, on « attisait » le feu ; une grande casserole était bientôt remplie de cidre ou de vieux poiré, de sucre et d’eau-de-vie, et, quand le « flippe » était bien chaud, les grandes tasses remplies du liquide fumant circulaient à la ronde ; les danses recommençaient de plus belle fort avant dans la nuit.

Mais, au moment du Carnaval, il arrivait souvent aux jeunes gens de se livrer à des scènes bien différentes, d’entrer dans les « veilloirs », de souffler les lampes à bec, de briser les chaises et les rouets des fileuses, et de chasser à coups de bâton les veilleurs et les veilleuses. Ou bien encore on apportait des cadavres de chiens, de chats, voire même de chèvres ou de moutons, et l’on jetait ces charognes dans le cercle des veilleurs !
Le Carnaval achevé, les veillées duraient encore quelque temps avec leur caractère habituel, pour se terminer aux environs de Pâques.


Cette ancienne coutume de se réunir le soir aux veillées, pendant la mauvaise saison, a disparu avec les causes qui l’avaient produite. L’aisance générale a augmenté avec les progrès de l’agriculture ; puis l’industrie est venue apporter une occupation aux paysans que ne retiennent plus les travaux des champs ; des usines, des manufactures se sont établies partout ; le salaire augmentant pendant que l’instruction populaire se généralisait, une sorte d’évolution a donné naissance à une vie nouvelle toute différente. L’intérieur, le chez-soi a pris la place des longues réunions, des veillées d’autrefois. Le soir, le paysan et sa femme travaillent à quelque métier, et si l’on raconte quelque chose, c’est le journal à un sou arrivé de Paris dans la journée qui en fait tous les frais. Les contes et les légendes s’oublient, et l’on a honte de redire ces « vieilleries » du temps passé.

Quant à la chanson populaire, on croirait presque qu’elle n’existe plus. On a l’habitude de montrer le paysan chantant quelque joyeux couplet tout en conduisant sa charrue ; ce n’est certes pas en Picardie que cet usage se retrouve, et si les autres provinces ressemblent à celles du Nord, le laboureur de George Sand passera bientôt à l’état de légende tout comme les bergers de Théocrite et de Virgile.

Quand de nos jours le paysan se laisse aller à chanter, c’est aux jours de fêtes, aux mariages, aux baptêmes et alors que le repos, le bonheur ou… la bière l’ont quelque peu grisé. Et s’il chante, ce ne sont point les airs du vieux temps transmis par les ancêtres, mais les romances, les airs bachiques, les « scies » à la mode quelques années auparavant dans les concerts de Paris. On comprend dès lors combien il est difficile de retrouver ces restes d’un genre de vie disparu depuis cinquante ans. Étude préliminaire et approfondie du paysan ; le coudoyer chaque jour ; parler sa langue ; commencer par lui dire des contes et des chansons ; ne pas se laisser rebuter par les premiers insuccès ; souffrir patiemment dix ou douze histoires à dormir debout, sans aucun sens souvent, pour arriver à quelque chose de bon : telles sont les conditions sine qua non que réclame l’étude du Folk-Lore de nos provinces, étude à faire dès maintenant, car les vieillards s’en vont, emportant avec eux beaucoup de contes et de légendes et la presque totalité de nos chansons populaires.



[…]

É. HENRY CARNOY
Warloy-Baillon (Somme), le 21 septembre 1882.



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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 18:23

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A. Lutins et Fées
► Les lutins
Légende du ménétrier
Les lutins et les deux bossus
La bête blanche
Les loups sorciers
L’éternueu
► Les fées
La fée qui se change en enfant

B. Le diable, les sorciers, les revenants
► Le diable
Le diable et la jeune fermière
Le fermier Tholomé et le diable
Saint Crespin et le diable
Les diables et le forgeron
Le diable et le jeune homme qui ne voulait point être soldat
Le comte d’Aveluy en enfer
► Les sorciers
Le sabbat du bois d’Orville
Le loup-garou du bois aux fées
Le sorcier et les loups
Les sorts
► Les revenants
Le paysan et les revenants
Le revenant qui se fait porter à Notre-Dame
Le souper du fantôme
La danse des fantômes

C. Légendes diverses
► La Vierge et les Saints
Légende de Notre-Dame de Brebières
La fontaine de Sainte Eulalie
Saint Severin et les lis bleus






CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 403189-banniere-2




SOURCE : https://fr.wikisource.org/wiki/Litt%C3%A9rature_orale_de_la_Picardie
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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeJeu 15 Aoû - 18:25

LES LUTINS


Les lutins picards comprennent toute une catégorie de petits êtres créés en même temps que l’homme, souvent destinés à devenir des hommes et punis d’avoir enfreint un commandement du Seigneur en restant à l’état imparfait de nains ou de bêtes. Ils ne sont pourtant pas punis pour toujours. Une condition essentielle a été posée pour eux : trouver le nom de tous les jours de la semaine, terminer un refrain ou une chanson, etc. Ce n’est que lorsqu’un mortelles a aidés dans leur recherche qu’ils peuvent jouir de la félicité éternelle. Ils errent surtout dans les clairières des bois, sur les prairies, aux environs des marais, par les belles nuits d’été éclairées par la lune. Heureux le voyageur qui leur rend quelque service !

Souvent aussi ils se moquent des hommes perdus dans la campagne, leur jouant toutes sortes de tours, les éblouissant par des lumières qui passent devant les yeux, les importunant de leurs cris, dansant en rond autour d’eux, les épouvantant par des apparitions terribles, les égarant dans les marais et s’enfuyant en riant. Ces petits êtres sont connus sous différents noms : le Gobelin, le plus malicieux de tous ; le Houppeu, qui appelle les voyageurs sur les grandes routes ; le Roulier, qui imite le bruit des voitures lourdement chargées ; la Fiole ou feu-follet, âme des enfants morts sans baptême, qui égare les passants ; la Herminette, sorte d’animal mince et long qui vous passe le soir entre les jambes ; le Mouton blanc, le Cheval sans tête, le Cheval blanc, la Chèvre noire, etc.

Il arrive aussi souvent que ces apparitions ne sont autres que celles d’hommes ayant le pouvoir de se changer en bêtes. On a alors affaire à un sorcier, comme on le verra dans plusieurs contes de ce recueil.

-  É. HENRY CARNOY
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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeVen 16 Aoû - 11:03

Légende du ménétrier



CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 803494-fete
http://genealogiejumel.free.fr/index.php/heilly-80-la-legende-du-menetrier/



Un ménétrier revenait un soir, vers minuit, de la fête d’Heilly, où il avait été jouer du violon sur la grande place. Il lui fallait, pendant presque deux lieues, traverser la grande forêt d’Heilly avant de rentrer à Warloy ; mais notre homme ne s’en inquiétait guère ; il avait suivi ce chemin bien des fois déjà sans accident ; de plus il était pauvre et n’avait rien à craindre des voleurs, qui s’attaquent à de tout autres gens qu’un ménétrier revenant de la fête.

La lune brillait dans tout son éclat et le ménétrier chantait une nouvelle chanson apprise depuis peu quand il lui sembla entendre derrière lui les hurlements d’un animal sauvage. Il se retourna et se vit suivi par un loup énorme qui semblait prêt à se jeter sur lui pour le dévorer. La première idée du paysan fut de fuir ; mais que pouvaient faire ses vieilles jambes usées pour le faire échapper à un animal tel que le loup ? C’est ce que comprit le ménétrier. Il avait sous le bras, outre son violon, une grosse galette qui lui avait été donnée à la fête et qu’il avait soigneusement conservée pour la rapporter à sa femme et à ses enfants. Il se faisait une fête de la leur donner tout entière et de leur montrer par là qu’il ne les avait pas oubliés pendant son absence, mais… le loup était là menaçant et l’homme trouva qu’il n’avait rien de mieux à faire que de casser un morceau de sa galette et d’essayer de calmer le loup en le lui jetant dans la gueule. C’est ce qu’il fit ; le loup mangea le morceau de galette, mais continua de suivre le pauvre ménétrier, qui marchait du plus vite qu’il pouvait sans avoir l’air de courir et de vouloir s’échapper.



CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 436104-oup
http://genealogiejumel.free.fr/index.php/heilly-80-la-legende-du-menetrier/


Bientôt le loup parut revenir à sa première idée de se jeter sur le vieux paysan et de n’en faire qu’une bouchée. Il s’en rapprocha insensiblement jusqu’à ce qu’il en vînt à lui toucher les jambes du bout de son museau. Tout tremblant de frayeur, le pauvre ménétrier prit un nouveau morceau de galette et le jeta au loup un peu en arrière pour se donner le temps de s’avancer de quelques pas au devant de son redoutable compagnon de route. Le loup se recula pour saisir le morceau de galette et ne se fit pas prier pour le manger. Puis, en quelques bonds, il rejoignit le violoneux et se mit à lui marcher sur les talons. À chaque instant le paysan se croyait sur le point d’être dévoré par le loup, et il essayait de retarder ce moment critique en abandonnant à l’animal un nouveau morceau de la galette. Mais ceci ne pouvait durer bien longtemps ; la galette s’épuisait, et au bout de trois quarts d’heure environ, l’homme en jetait le dernier morceau au loup affamé.

Cette fois, sa dernière espérance de salut s’était évanouie. Personne au monde ne pouvait lui porter secours à une heure si tardive, au beau milieu d’une forêt si grande que la forêt d’Heilly. Il lui fallait se préparer à mourir, dévoré vivant par l’animal. Le pauvre violoneux fit son acte de contrition, demanda pardon au Seigneur de ses péchés, et, ayant ainsi réglé ses affaires de conscience, il voulut avant de mourir jouer une dernière fois de son violon, de son instrument favori avec lequel il avait fait danser tant de « branles » et de « cotillons ».

Tremblant bien un peu, il tira le violon de son étui, qu’il jeta pour être moins embarrassé, et il commença un air triste, plaintif et doux, dicté par la circonstance.

CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS 546639-violoneux
http://isabelleforestier.fr/le-merveilleux-menetrier-jacob-et-wilhem-grimm/



Aux premiers sons, le loup s’arrêta, tout étonné, et se mit à trembler de tous ses membres. Et comme le violoneux marchait toujours, l’animal se remit à le suivre en hurlant, sautant, dansant, gambadant de mille façons bizarres, qui auraient fait rire le paysan en toute autre occasion. Celui-ci, reprenant son courage pour ne songer qu’à sa musique, tirait, pendant ce temps, des airs inconnus et merveilleux du mauvais violon dont il jouait.

On ne sait comment cette aventure se serait terminée pour le violoneux si de nouveaux acteurs n’étaient venus se mêler à la scène.

Attirés par cette musique divine et par les hurlements diaboliques du loup, des milliers de lutins, de passage en ce moment dans le bois d’Heilly, venaient d’envahir la route et se tenaient immobiles, muets d’étonnement et de plaisir. Il semblait que tous les lutins de la Picardie se fussent donné là rendez-vous pour ce soir. Le violoneux aperçut des « goblins », des « houppeux », des « fioles », des « herminettes » de toutes formes et de toutes tailles, vêtus de toutes sortes de façons bizarres. Le courage lui revint et il commença un air gai, entraînant, qui fit écarquiller de plaisir les yeux des petits lutins. Et comme le ménétrier continuait par une valse, lutins, houppeux, goblins, fioles se prirent par la main et, n’y tenant plus de joie, formèrent une vaste ronde autour du loup et du joueur de violon.

— Allons, Din-Don ; toi qui es le plus agile des lutins, enfourche le loup et conduis la danse ! crièrent les petits hommes à un charmant petit goblin qui n’avait point encore pris part à la ronde et qui, assis sous un noisetier, regardait avec curiosité la danse de ses amis.

Din-Don ne se le fit pas répéter ; il fit une cabriole, sauta par-dessus le cercle et retomba sur le dos du loup.

— Allons, en avant ! Balancez vos dames ! cria le violoneux, qui avait retrouvé tout son sang-froid et qui se serait cru à jouer sur la grande place du village, au milieu des jeunes gens et des jeunes filles.

— En avant, maître loup ! Hop ! hop ! hop ! cria joyeusement le petit goblin Din-Don.

Et loup et lutins se mirent à tourner, à tourner dans une danse folle, délirante. Jamais le ménétrier ne s’était vu à pareille fête : les lutins étaient si beaux et ils dansaient si bien ! Et puis il n’était pas fâché de voir Compère le Loup en si bonne compagnie !

Et la ronde durait toujours, et Din-Don frappait sans relâche le pauvre loup pour lui faire suivre la danse, et le violoneux jouait sans aucune fatigue des airs de plus en plus joyeux et de plus en plus beaux qui lui venaient sous son archet il ne savait trop comment.

Au bout d’une heure de cette danse échevelée, le loup tomba mort sur le gazon ; les lutins prirent son cadavre et le jetèrent dans le taillis. Puis ils reprirent avec une nouvelle ardeur leur danse interrompue. Comme le ménétrier, les goblins, les houppeux, les fioles et les herminettes semblaient ne ressentir aucune fatigue et s’animer davantage encore, s’il était possible, dans leur ronde passionnée.

Tout à coup, une herminette venant du dehors sortit du fourré, passa dans le cercle des danseurs, et dit quelques mots à voix basse à Din-Don.

Ce dernier s’arrêta, fit un signe et la danse cessa.
— Amis, dit-il, l’aurore va bientôt paraître et il nous faut songer à regagner nos demeures. Sans cette gentille herminette, qui a pris soin de nous avertir, nous courions le risque d’être ici surpris par le jour. Mais avant de quitter cette forêt, il nous faut récompenser ce brave ménétrier, qui a bien voulu nous faire passer ici une nuit si agréable. Je sais que c’est un pauvre homme et que quelques pièces d’or dans son escarcelle ne sauraient lui nuire. Donnons-lui donc tout ce que nous avons sur nous.
— Oui ! oui ! c’est cela ! crièrent les lutins.

Et chacun d’eux donna quelque chose à l’homme ; pour l’un ce furent des pièces d’or ou d’argent, pour d’autres un diamant ; l’un donna une belle veste brodée d’or pour le fils du violoneux, un autre une robe d’un travail exquis pour sa fille ou un bonnet pour sa femme. Ceux d’entre eux qui n’avaient rien lui confièrent quelque important secret ou lui dévoilèrent la vertu de quelque plante ou de quelque fleur. Mais le plus beau présent fut celui du petit goblin Din-Don, le roi des lutins. Il offrit au ménétrier un violon tel que jamais n’en avait possédé aucun violoneux. Ce violon, fait d’un bois inconnu et enfermé dans un charmant étui fait de la main des fées sans doute, rendait des sons véritablement divins.
— Encore une ronde ! demanda une jolie petite fiole.
— Encore une ronde ! répétèrent les autres lutins.

Le ménétrier prit son nouveau violon et joua une nouvelle ronde. Les lutins, sans se tenir par la main, cette fois, se mirent à danser à nouveau sur les branches, les feuilles et les fleurs des buissons bordant le sentier, mais si doucement, si légèrement que branches, feuilles et fleurs ne remuaient en aucune façon sous le poids des gentils petits êtres.

Au commandement du chef Din-Don, le violoneux s’arrêta et les lutins se dispersèrent après avoir remercié à nouveau le ménétrier.

Resté seul, celui-ci rassembla les présents des petits hommes et reprit sa route vers Warloy. Bientôt après il arriva au village et y trouva sa famille dans la plus grande inquiétude. Il rapporta ses aventures de la nuit dans la forêt d’Heilly, et ce ne fut qu’après avoir montré le violon merveilleux, la veste, la robe, le bonnet et les pièces d’or, présents des lutins, qu’il put donner créance à son récit.

Riche désormais, il vécut fort heureux, regardé par tous comme le meilleur ménétrier de la Picardie et même du monde.
Conté en 1879, par Madame Élisa Carnoy, âgée de soixante-quinze ans, à Warloy-Baillon (Somme).


https://fr.wikisource.org/wiki/Litt%C3%A9rature_orale_de_la_Picardie_%E2%80%93_Les_lutins
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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeVen 16 Aoû - 11:05

Les Lutins et les deux bossus


Deux bossus travaillaient comme valets de ferme chez un cultivateur des environs d’Acheux. L’un d’eux fut un jour chargé par son maître d’aller à Albert porter une assez forte somme d’argent au propriétaire de la ferme, qui demeurait dans cette petite ville. Notre bossu plaça l’argent dans un sac et partit pour Albert, où il ne tarda pas à arriver. On le retint à souper et, comme les bossus ont été fort gais de tout temps, on le pria de chanter quelques chansons en buvant une tasse de « flippe » . Le bossu ne se fit pas prier et se mit à chanter. Les tasses de « flippe » se succédèrent et les chansons aussi, et ce ne fut que vers minuit que le joyeux bossu songea à se retirer pour regagner la ferme. L’heure était bien tardive et le petit homme n’était pas bien hardi ; il prit cependant son courage à deux mains et dit adieu à ses nouveaux amis.

Tant qu’il fut dans les rues d’Albert, tout alla fort bien ; mais une fois dans la campagne la peur lui vint. Qu’avait-il à craindre, au fait ? Il faisait un clair de lune splendide, on n’entendait aucun bruit et les voleurs avaient certainement affaire avec d’autres personnes qu’un pauvre petit bossu sans le sou, retournant au logis. Le bossu se disait tout cela et cependant il n’en était pas plus rassuré.

Pour se donner un peu de courage, le petit bossu entonna d’une voix peu assurée la complainte de Geneviève de Brabant. Sa peur se dissipa complètement. Attribuant ce résultat à sa chanson, le petit homme la termina et, arrivé au dernier couplet, il commença Malbrough de sa voix la plus forte. Puis ce fut le tour de Damon et Henriette, du Juif errant, du Roi Dagobert et de Saint-Éloi, enfin de tout ce qu’il connaissait de chansons et de complaintes. Il put ainsi arriver à l’entrée du bois de Mailly, dans lequel il s’engagea résolument en chantant à tue tête :
Tout le long du bois,
J’embrassai Nanette ;
Tout le long du bois,
J’l’embrassai trois fois !


Tout à coup il lui sembla entendre de petits appels dans les buissons bordant la route ; il se retourna et vit sortir du taillis une multitude de petits êtres tous plus jolis les uns que les autres et vêtus de charmants petits habits qui leur allaient à ravir.
— Tiens ! qu’est -ce donc que cela ? se dit-il ; que me veulent ces tout petits hommes ? Ce sont des lutins, des gobelins, sans doute. Si j’en juge par leur mine, ils ne doivent pas être bien méchants ; ils sont trop gentils pour me vouloir aucun mal. Continuons notre chemin et reprenons notre chanson ; je veux montrer aux gobelins qu’un bossu peut être aussi courageux que le premier venu.

Et, les deux mains dans les poches de son pantalon, le petit bossu continua sa route en reprenant son refrain :
Tout le long du bois,
J’embrassai Nanette ;
Tout le long du bois,
J’l’embrassai trois fois !


Plusieurs centaines de lutins étaient sortis des buissons et s’étaient mis à suivre le petit bossu dont le chant paraissait les émerveiller.

On arriva ainsi hors du bois de Mailly. Le bossu regarda en arrière et vit les gobelins le suivant toujours, mais paraissant se concerter pour quelque chose. L’homme écouta attentivement et voici ce qu’il entendit :
— Oui, on pourrait le lui demander.
— Oui, oui. Qu’on le lui demande ! N’est-ce pas votre avis à tous ?
— Si, si. Mais voudrait-il ? Il chante fort bien et il n’a pas l’air de craindre nos tours de la nuit, c’est certain. Mais danser quelques rondes avec nous et dire notre chanson, ce n’est pas la même chose. S’il allait retrancher un de ces maudits jours de la semaine pour se donner le plaisir de se moquer de nous ! Ce serait terrible : mille ans, mille longues années à passer encore ici !… Qu’importe ! Proposons-lui de danser avec nous, si vous le voulez-bien, mes amis.
— C’est cela ! c’est cela ! répétèrent les gobelins.

Le bossu vit bien de quoi il s’agissait, mais il ne comprit rien à ces « maudits jours de la semaine » et à ces « mille ans » dont le lutin avait parlé dans son discours à ses amis.

Un beau petit gobelin vêtu d’une veste et d’un pantalon de velours violet, et coiffé d’un chapeau à longues plumes de paon, s’approcha du bossu, le salua profondément – ce qui charma le chanteur au plus haut degré – et il lui dit :

— Mon ami, comme nous passions tout à l’heure, errant de-ci de-là par le bois de Mailly, à la recherche de quelque aventure, nous avons entendu tes belles chansons qui nous ont tellement ravis que nous t’avons suivi pour t’écouter. Tu nous parais un fort gai compagnon et mes amis seraient, comme moi, fort enchantés si tu consentais à finir la nuit dans notre société. Ici près est une grande prairie, l’herbe y est bien verte et toute tapissée de fleurs ; la lune est dans son plein ; nous danserons quelques heures avec toi. Tu n’auras pas à regretter de nous avoir rencontrés, je te l’assure. Es-tu des nôtres, ami ?
— Parbleu ! répondit le petit bossu. Comment ne serais-je pas des vôtres ? Vous ne me connaissez pas encore, sinon vous sauriez que partout où l’on chante et où l’on danse, vous pouvez être assurés de trouver Maître Thomas le Bossu, autrement dit, votre serviteur.

Et Thomas le Bossu accompagna ce dernier mot de sa plus belle révérence.

Pendant toute cette conversation, les lutins s’étaient approchés du bossu jusqu’à l’entourer. Thomas n’était qu’un tout petit bossu, mais il vit avec une évidente satisfaction que le plus grand des gobelins lui arrivait à peine au-dessus des genoux.


À peine eut-il donné son consentement à la proposition que le chef des lutins venait de lui faire d’une façon si aimable, que Thomas se vit prendre les mains par deux des petits êtres, et entraîner vers la prairie voisine.

Le chef se plaça au milieu du pré sur un trône de circonstance fait d’une borne abandonnée, et des musiciens se mirent aux quatre coins du champ après s’être fait des « pipettes » de quelques brins d’herbe.

Le chef donna le signal de la ronde et la danse commença.

Jamais le petit bossu ne s’était senti le pied si léger que cette nuit ; il faisait des pas de toute sorte et des sauts qui émerveillaient ses compagnons.

Les petits yeux des lutins brillaient de plaisir ; on voyait qu’ils ne s’étaient jamais vus à pareille fête. On dansa ainsi assez longtemps. À la fin, le roi des gobelins fit un signe et la ronde cessa d’un seul coup. Le chef se leva de son trône et vint inviter le petit bossu à déjeuner avec ses sujets et avec lui-même sur le tapis que leur offrait la prairie. Moitié pour ne pas désobliger les gobelins et moitié pour assister au repas de ces êtres bizarres, Thomas accepta l’offre du chef. En un instant, des mets de toutes sortes, venus on ne sait d’où, couvrirent l’herbe humide du pré ; les vins les plus exquis et le cidre le plus délicieux remplirent des verres taillés dans le diamant le plus pur, et les lutins se mirent à cette table improvisée en se rapprochant le plus qu’ils pouvaient du bossu pour ne pas perdre une seule de ses paroles. Mais là encore l’admiration des gobelins pour Thomas le Bossu redoubla quand ils le virent manger l’un après l’autre, et sans se presser, une cinquantaine de plats différents qu’il arrosait de toutes les bouteilles qui se trouvaient à sa portée, et qu’il buvait à même le goulot, ayant trouvé que les verres des lutins étaient d’une capacité dérisoire pour un être humain. Le bruit de cette merveille arriva de proche en proche jusqu’aux rangs les plus éloignés des lutins ; ceux-ci, poussés par la curiosité, laissèrent là leur repas pour aller voir manger le petit Bossu. Lorsque Thomas eut achevé son repas, l’envie de danser le reprit ; il se releva et s’adressant aux lutins :
— Eh bien ! leur dit-il, ne dansons-nous plus ? On m’a dit que bien souvent il vous arrivait d’accompagner vos rondes de chansons. Pourquoi ne le ferions-nous pas maintenant, mes amis ?
— Il a raison, Thomas ; il a raison. Chantons et dansons !
— Chantons et dansons ! répétèrent à l’envi les petits êtres en quittant leur festin.

Thomas le Bossu prit la main de deux gobelins, et la ronde reprit de plus belle :
Lundi, mardi,
Mercredi, jeudi,
Vendredi, samedi,
Et c’est fini !

chantaient les petits hommes en dansant et se trémoussant. Thomas écouta fort attentivement et ne tarda pas à retenir et l’air et les paroles de la chanson des lutins. Quand il en fut arrivé à ce point, il la chanta avec ses amis.
— Mais, diable ! se dit-il tout à coup, il me semble fort que la semaine des lutins est bien courte. Notre semaine, telle qu’on la compte à Acheux, est bien plus longue. Comptons pour voir : lundi, un ; mardi, deux ; mercredi, trois ; jeudi, quatre ; vendredi, cinq ; samedi, six !… Il leur manque un jour, mais quel est-il ? Ce n’est pas lundi, puisqu’ils disent dans leur chanson :
[b]Lundi, mardi,
Mercredi, jeudi...

— Ce n’est pas mardi, ni mercredi, ni jeudi, ni vendredi, ni samedi !… Ah ! j’y suis enfin : c’est dimanche. Pour des lutins et des gobelins, ils ne sont pas bien savants !… Ce serait pitié si un dimanche on leur demandait quel jour on se trouve ! Je veux leur apprendre cela, ils le méritent bien. Et il chanta :

Lundi, mardi,
Mercredi, jeudi,
Vendredi, samedi,
Dimanche, et puis…
C’est bien fini.


Tous les lutins s’étaient arrêtés et battaient joyeusement des mains en poussant de grands cris de joie. Le chef s’approcha de Thomas le Bossu :
— En ajoutant le dimanche aux noms des six autres jours de la semaine, lui dit-il, tu nous as délivrés de tous les malheurs et de tous les supplices que nous endurions depuis des milliers d’années, depuis la création des hommes et des lutins. Le Seigneur avait ordonné à l’homme de travailler les six premiers jours de la semaine et de se reposer le septième jour, le dimanche. Pareille recommandation nous fut faite. Tout alla bien pendant quelque temps. Mais un jour que les lutins s’étaient réunis pour une grande chasse, le bon Dieu voulut nous éprouver. Il plaça devant nous un cerf merveilleux qui durant trois jours entiers soutint notre poursuite. Nous ne l’atteignîmes que le dimanche, et sans respect pour la défense que le Seigneur nous avait faite et que nous avions du reste oubliée dans l’ardeur de la chasse, nous tuâmes la pauvre bête. Pour nous punir de notre désobéissance, nous fûmes chassés du Paradis et condamnés à errer sur terre jusqu’à ce qu’un mortel nous rappelât le nom du jour inobservé autrefois par nous. Bien des fois, les vivants se sont mêlés à nos rondes, mais aucun jusqu’à présent n’avait pu achever notre refrain. Tu viens de le faire et nous t’en remercions. Dès ce moment, on ne nous verra plus errer sur cette terre ; notre course est finie et nous allons bientôt retourner au Paradis. Mais nos autres compagnons dispersés ailleurs ne seront pas si heureux ; leur supplice durera longtemps encore !… Mais avant de nous quitter pour toujours, dis-nous ce que tu désires des gobelins.
— Ce que je désire ?… Ah ! peu de chose pour vous et beaucoup pour moi : débarrassez-moi de cette bosse qui me rend si ridicule, et je serai le plus heureux des hommes.

Les lutins apportèrent une petite scie et se mirent en devoir d’enlever la bosse de Thomas. Celui-ci ne ressentait aucune souffrance de cette opération qui aurait dû être bien douloureuse. Bientôt ce fut terminé. Les lutins enlevèrent la bosse et la déposèrent sur le gazon après l’avoir soigneusement placée dans une grande boîte d’argent. Jugez de la joie qu’éprouvait Thomas à se voir débarrassé de sa bosse.
— Ce n’est pas tout, lui dit le chef des goblins, chacun de mes lutins va t’offrir un cadeau ; c’est bien le moins que nous puissions faire pour notre sauveur.

Et chacun des petits êtres apporta son cadeau à Thomas ; ce furent de beaux habits tout neufs, de jolis chapeaux à plumes de paon, de petits sacs remplis de pièces d’or et d’argent, et mille autres choses agréables qui comblaient et au-delà tous les vœux du petit bossu de tout à l’heure. Thomas se confondait en remerciements auprès des petits hommes qui, de leur côté, l’assuraient de toute leur reconnaissance.

On dansa une dernière ronde et les gobelins quittèrent Thomas pour aller en Paradis.

Thomas, tout joyeux, reprit son chemin et ne tarda pas à rentrer à la ferme avec les cadeaux des lutins.

L’autre bossu en le voyant ne pouvait en croire ses yeux. Il interrogea Thomas qui lui raconta les événements de la nuit.
— Oh ! c’est si facile, pensa l’autre bossu, nommé Pierre. Eh bien ! je me ferai débarrasser de ma bosse. J’irai ce soir à Albert et moi aussi je reviendrai la nuit.
Vers le soir, Pierre le Bossu prit un bâton et s’en alla à Albert chez un de ses amis qui le retint assez tard. C’était du reste ce que désirait le paysan. Comme Thomas, il n’était guère rassuré à s’aventurer ainsi seul la nuit par la campagne. À chaque buisson d’épines ou de ronces qui se trouvait sur le talus bordant la route, il croyait trouver embusqué quelque brigand ou quelque voleur qui lui ferait un mauvais parti ; le moindre bruit le faisait frissonner et s’arrêter tout court. Il essaya de chanter : sa peur ne fit que s’accroître ; à tout instant, il lui semblait entendre des voix qui, dans le lointain, répondaient à la sienne, des voix de bandits, bien entendu, et ses cheveux se dressaient sur sa tête. Et pourtant il lui fallait chanter s’il voulait attirer l’attention des lutins… Pierre le Bossu continua donc à chanter d’une voix peu assurée et en s’interrompant cent fois pour le moins, la chanson la plus gaie qu’il avait pu trouver parmi celles à lui connues, la « Chanson des hussards » qui se font servir dans une hôtellerie
Deux poulets rôtis,
Trois pigeons en graisse,

et ce, sans bourse délier. Quand il eut fini, il la recommença, pour la redire un peu plus tard à nouveau. Il arriva ainsi à la sortie du bois de Mailly sans avoir rencontré âme qui vive. Mais depuis une heure, et sans qu’il s’en doutât, une troupe de gobelins, aussi laids que ceux de la veille étaient beaux, le suivaient en écoutant la « Chanson des hussards ».

Notre bossu la répétait pour la septième fois au moins ; aussi les petits hommes n’y tenant plus partirent d’un éclat de rire formidable qu’on eût pu entendre à une lieue de là. Pierre le Bossu se retourna tout effrayé, mais voyant que les rieurs étaient des lutins, le courage lui revint et il attendit ces derniers assez bravement. Sans dire une parole, celui qui paraissait être le chef des gobelins s’approcha du bossu, le prit par la main et l’entraîna dans la prairie. Puis il s’assit sur la borne : des lutins se placèrent aux quatre coins du champ, commencèrent l’air d’une ronde, et la danse commença. Les petits êtres dansaient à cœur joie, entraînant dans leur course folle le pauvre bossu qui bientôt se trouva tout essoufflé et déclara qu’il n’en pouvait plus.
[color:1178=#40 e0d0]— C’est bien, alors ; nous allons déjeuner ici et nous l’inviterons à prendre part à notre festin, si le cœur t’en dit. Et le chef des lutins fit servir un repas tel que celui de la veille ; puis on fit le cercle autour de Pierre le Bossu, et chacun fit honneur aux mets, aussi abondants que délicieux qui se trouvaient servis sur l’herbe. Malheureusement, le petit bossu avait trop bien soupé à Albert ; il ne put se tirer du festin avec honneur et le vin capiteux des gobelins ne tarda pas, en lui dérangeant la cervelle, à lui brouiller complètement les idées. Bientôt le roi des lutins se leva :
— Mon ami, nous avons fort bien dansé tout à l’heure ; il nous faut maintenant faire quelques rondes en nous accompagnant du chant des gobelins. Nous comptons sur toi, Pierre le Bossu.
— Comment donc ? Mais, parbleu ! je suis des vôtres, à la vie à la mort ! Je suis prêt à danser, à chanter, à faire tout ce qu’il vous plaira de me commander.

Tout heureux du bon vouloir du petit bossu, les gobelins se prirent par la main, formèrent un grand cercle et entraînant Pierre avec eux, se livrèrent à une ronde inconnue des hommes. À chaque tour, les lutins s’arrêtaient et chantaient :
Dimanche, lundi,
Mardi, mercredi,
Jeudi, vendredi,
Semaine finie.

— Décidément, se dit le bossu, ces lutins ont une singulière façon de compter les jours de la semaine. Il manque bien des jours à leur calendrier. Mais il me faudrait trouver les jours qu’ils oublient. Cherchons bien.

Et Pierre chercha ; mais il eut beau se mettre l’esprit à la torture pour trouver les jours manquants, il ne put y parvenir.
— Peut-être, se dit-il, qu’en chantant avec eux, les autres jours me reviendront à l’esprit. Et il se mit à chanter :
Dimanche, lundi,
Vendredi, jeudi.
Semaine finie.
Mardi, jeudi,
Dimanche, mercredi.


Troublé par le vin et la danse, il entremêlait les noms des jours de la semaine dans le plus grand désordre. Les petits êtres poussèrent des cris de rage et voulurent faire un mauvais parti au pauvre bossu. Leur chef les contint, fit cesser la ronde et dit à Pierre le Bossu :
— Lors de la lutte des bons et des mauvais anges, il arriva que certains lutins ne voulurent prendre parti ni pour les uns ni pour les autres ; et pendant que la guerre était fort ardente dans le ciel, ils continuèrent tranquillement leur genre de vie, courant de tous côtés à la recherche des aventures ou bien chassant les cerfs ou les autres animaux des forêts. Mais quand le démon eut été vaincu par les bons anges, le Seigneur nous condamna à errer sur la terre jusqu’à ce qu’un être humain vînt nous délivrer en terminant notre refrain des jours de la semaine, car nous sommes de ces lutins. Chaque année, à pareil jour, nous épions les voyageurs des environs et nous les invitons à danser et à chanter avec nous. Personne n’a pu encore finir notre refrain, tandis qu’une autre troupe de gobelins, nos frères, a été sauvée hier par un petit bossu qui passait sur cette route. Quant à toi, tu as tellement mêlé, les jours de la semaine dans ta chanson, que nous ne pourrons en retrouver la place de mille ans d’ici pour le moins. Tu recevras la juste punition des malheurs que tu nous attires. D’abord nous allons te faire un cadeau qui va bien nous divertir.

Le chef des lutins fit un signe et deux gobelins apportèrent une belle boîte d’argent ciselé qu’ils déposèrent aux pieds du roi.
— Si c’est ainsi qu’ils pensent me punir, se dit Pierre, les petits hommes se trompent fort ; je les remercie beaucoup de m’offrir un pareil bijou.

Mais sa joie fut de courte durée, car le lutin se baissant, ouvrit la boîte et en tira... la bosse enlevée à Thomas ! Le pauvre bossu voulut s’enfuir, mais deux gobelins le saisirent, le lièrent en un tour de main et le couchèrent sur le sol après l’avoir déshabillé. Les petits êtres ne se sentaient plus de joie : ils battaient des mains, sautaient et trépignaient d’aise pendant que leur chef plaçait la bosse de Thomas sur la poitrine de Pierre ; ceci fait, on détacha le pauvre bossu à demi mort de terreur et de honte. Il est certain qu’auparavant ni après, on ne vit jamais un bossu plus difforme que Pierre à la suite de cette scène.
— Ce n’est pas tout, l’ami, lui dit le gobelin, tu vas danser avec nous jusqu’au lever du soleil ; nous voulons qu’on te voie rentrer à la ferme emportant tes deux bosses. Allons, recommençons la ronde !

Et deux des lutins les plus agiles saisirent le bossu par la main et l’entraînèrent dans une ronde vertigineuse. Les lutins faisaient cette fois des sauts de soixante pieds, et Pierre, entraîné par ses compagnons, devait répéter ces mêmes prodiges. Bientôt cette course folle lui devint un supplice intolérable. Il demanda grâce aux gobelins : il cria, il pleura, il s’emporta, il implora ; mais les petits êtres n’en sautaient que plus fort et plus haut et la danse continuait plus furieuse que jamais.

Ceci dura jusqu’au lever du soleil. Dès que l’astre se montra sur le point de paraître, les lutins s’arrêtèrent, se consultèrent un instant et disparurent en riant et en chantant dans le bois de Mailly.

Le pauvre Pierre était resté étendu sans mouvement sur l’herbe de la prairie.

Ce ne fut que quelques heures après que des paysans à sa recherche le trouvèrent à demi mort dans la prairie, dont l’herbe était toute foulée par les pas des lutins.

Des soins lui furent prodigués et quelques mois plus tard il put reprendre son travail à la ferme. Inutile de dire que jamais depuis ce temps il ne s’avisa de se promener la nuit sur la route d’Albert pour se mêler aux rondes des gobelins. Il en avait assez de ses deux bosses. On ne le connut plus à Acheux et aux environs que sous le nom de « Pierre Dossu-Bossu ».

Quant à son compagnon, grâce aux présents des lutins, il vécut fort heureux avec la fille du fermier qui s’était prise à l’aimer quand elle l’avait vu débarrassé de sa bosse .
Conté en 1878, par M. Alfred Haboury, d’Acheux (Somme).



https://fr.wikisource.org/wiki/Litt%C3%A9rature_orale_de_la_Picardie_%E2%80%93_Les_lutins[/b]
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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeVen 16 Aoû - 11:09

La Bête blanche


Un soir d’été, un homme revenait de la ville par un beau clair de lune. En passant près d’un champ de luzerne, il entendit un bruit semblable à celui qu’aurait fait un chien traversant le champ. Il appela, mais rien ne lui répondit, et il continua sa route.

Le même bruit se renouvelait tantôt de droite, tantôt de gauche et le paysan ne savait que penser, quand une grande bête blanche sortit d’entre ses jambes et se mit à tourner vite, vite et vite autour de lui sans embarrasser sa marche. Il eut beau essayer de le frapper de son bâton, l’animal continua à passer entre les jambes du voyageur et à tourner en rond autour de lui.


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http://francelegendes.doomby.com/pages/legendes-de-picardie.html

La Bête blanche l’accompagna ainsi jusqu’à l’entrée du village et là elle se changea en homme. Le paysan ne put savoir s’il était du pays, car l’autre passa si vite qu’en un clin d’œil il eut disparu à l’autre bout du village.
Conté en 1880, par M. Émilien Guilbert, d’Englebelmer (Somme).

https://fr.wikisource.org/wiki/Litt%C3%A9rature_orale_de_la_Picardie_%E2%80%93_Les_lutins

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Les Loups sorciers


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http://www.pacainfoeco.com/index.php/2017/02/23/vie-moderne-loups-mercantour-arrives-bordure-de-ville-de-cannes/

Un paysan était allé vendre sa vache au marché du village voisin. Il en avait retiré un bon prix et s’était attardé à boire quelques chopes dans un cabaret avec des amis. Le soir arrivé, il fallut retourner à sa maison. Il prit la route et ne tarda pas à se voir suivi par un loup énorme. Le paysan marcha plus vite et le loup marcha du même pas à quelques mètres derrière lui, semblant à tout instant sur le point de le dévorer.

Vous jugez de la terreur de l’homme. Pour dépister le loup, il prit une autre route et traversa un village sur la droite. Le loup s’arrêta aux premières maisons et le paysan s’en croyait débarrassé, quand en sortant du pays il retrouva le loup accompagné d’un autre encore plus gros. Reprenant du courage, l’homme prit son bâton et essaya d’en frapper les animaux. Mais à chaque coup, ils sautaient d’un bond à plus de cinquante pas en arrière. Le paysan vit qu’il avait affaire à des Loups sorciers et continua son chemin sans plus s’en inquiéter.

Ils l’accompagnèrent en hurlant jusqu’au village, mais ils n’y entrèrent pas et disparurent comme par enchantement.
Conté en 1881, par M. Émilien Guilbert, d’Englebelmer (Somme).


https://fr.wikisource.org/wiki/Litt%C3%A9rature_orale_de_la_Picardie_%E2%80%93_Les_lutins
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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeVen 16 Aoû - 11:11

L’Éternueu



Près de la route d’Englebelmer se tenait autrefois un homme qui passait toutes les nuits à éternuer d’une façon continue. À quelque heure que l’on pût passer en cet endroit, on n’entendait que des atchi ! atchi ! atchi ! sans cesse répétés ; aussi les passants s’enfuyaient-ils en se disant : c’est l’« éternueu » !

Bien des fois les jeunes gens des villages voisins s’étaient réunis le soir pour surprendre l’éternueu, mais quand ils étaient arrivés au lieu d’où partaient les atchi ! atchi ! ils n’entendaient plus rien et le bruit ne reprenait que quelques minutes après et à cinquante pas plus loin. L’homme ou le lutin se donnait le plaisir de faire courir les jeunes paysans le long de la route d’Englebelmer et toujours il demeurait insaisissable.

On avait fini, de guerre lasse, par s’habituer à l’éternueu, et comme le lutin n’avait jamais fait de mal à personne, on en vint à ne plus craindre de passer par la route et l’on se contenta de se signer dévotement quand le bruit bien connu parvenait aux oreilles.

Un soir d’été, par un beau clair de lune, un paysan revenait d’un marché voisin. Bientôt il entendit les atchi ! de l’éternueu, mais il ne s’en inquiéta pas. Sans doute, le lutin n’avait pas autre chose à faire, car il se donna le plaisir de suivre le paysan pendant un bon quart de lieue en poussant son atchi !incessant. À la fin, le paysan ennuyé s’écria tout à coup :

— Avez-vous bientôt fini d’éternuer ainsi ? Que le bon Dieu vous bénisse vous et votre rhume !

Il n’avait pas fini ces mots qu’un fantôme revêtu d’un grand drap blanc s’offrit à ses yeux : c’était l’éternueu.

[b]— Merci, ami ; tu viens de me délivrer d’un grand supplice. À la suite de mes péchés, Dieu me condamna à errer autour de ce village en éternuant sans trêve ni repos, du soir au matin jusqu’à ce qu’un vivant charitable me délivrât en me disant : « Dieu vous bénisse ! » Bien des années se sont passées depuis ce temps ; il y a pour le moins cinq cents ans que je viens ici éternuant toujours dès que je vois un voyageur. Aucun ne m’avait dit« Dieu vous bénisse ! » Heureusement que ce soir j’ai eu la bonne idée de te suivre et que tu m’as délivré pour toujours. Encore une fois, merci. Adieu.


Le fantôme disparut aussitôt et l’homme put rentrer à Englebelmer pendant que l’éternueu, délivré de son supplice, prenait sans doute le chemin du ciel.

À partir de ce jour, on n’entendit plus le soir sur la route les atchi ! du lutin.

C’est de là, ajoute-t-on, que date la coutume de dire à celui qui éternue : « Dieu vous bénisse ! » et celle de répondre à ce souhait par un : « Dieu vous le rende ! »
Conté en février 1881, par M. Émilien Guilbert, d’Englebelmer (Somme).


https://fr.wikisource.org/wiki/Litterature_orale_de_la_Picardie_%E2%80%93_Les_lutins
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Les fées

Dans les contes populaires et dans les légendes que jusqu’ici j’ai pu recueillir en Picardie, le rôle joué par les fées se réduit à bien peu de chose. Partout où dans les contes similaires des autres pays on rencontre une fée, on ne trouve ici qu’une sorcière ou la main du diable ou du bon Dieu. On voit pourtant leur souvenir dans nombre de dénominations : Montagne des Fées, Trou aux Fées et surtout dans les Champs aux Fées. Il n’est presque pas de village où l’on ne montre un espace circulaire où, d’après la tradition, les fées, les sorcières, les lutins et le diable se réunissaient à certains jours pour y faire le sabbat.

Les sorcières prenaient leur « manche à ramon » – manche de balai – et récitaient la formule sacramentelle :
Saute haies, saute buissons,
Fais-moi aller où ils sont.

Et immédiatement elles se trouvaient portées au Champ aux Fées. Elles s’y livraient à des danses, à des chants, à des orgies sans nom et ne rentraient que fort tard dans la nuit. Leur âme jouissait même de la faculté de quitter le corps pour se rendre à ces réunions, et pendant ce temps la sorcière paraissait morte pour se ranimer au retour de l’esprit.

Plusieurs d’entre elles se déchiraient aux bois et aux buissons quand il leur arrivait de dire :
Traverse haies, traverse buissons,
Fais-moi aller où ils sont.

De nos jours encore les paysans n’osent traverser les cercles fantastiques tracés par les sorcières et les lutins dans les Champs aux Fées, et l’on raconte mille aventures terribles arrivées aux audacieux qui essayèrent de découvrir les secrets des sorcières.

É. Henry Carnoy
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MessageSujet: Re: CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS   CONTES ET LEGENDES DE DIFFERENTES REGIONS I_icon_minitimeVen 16 Aoû - 11:14

La Fée qui se change en enfant



Une jeune femme mit au monde une petite fille. Les voisines lui conseillèrent de placer un chapelet bénit au cou de l’enfant. Mais la jeune mère qualifia leurs dires de billevesées et leur déclara qu’elle prétendait ne point se soumettre aux vieilles coutumes d’autrefois.

L’enfant n’eut donc point de chapelet bénit ; on la plaça dans un charmant petit berceau et l’on commença à parler du jour où le baptême aurait lieu.

Mais une fée, profitant un beau matin de l’absence de la mère, entra dans la maison, s’approcha du berceau et, trouvant la petite enfant à son goût, l’enleva et l’emporta chez une de ses amies, fée comme elle, à qui elle la confia en lui recommandant d’en prendre le plus grand soin. Ensuite elle revint au village, rentra dans la maison, se rapetissa jusqu’à devenir toute petite, toute petite, et se coucha dans le berceau au lieu et place de la petite fille. N’eût été sa vieille peau tannée et ridée et sa laideur, on l’eût prise pour la jeune enfant.

La jeune femme étant revenue peu après à la maison, songea à allaiter sa fille.

— Oh ! Dieu, le petit monstre ! ne put-elle s’empêcher de s’écrier à la vue de l’enfant qui se trouvait dans le berceau. Ce n’est point là la charmante enfant que j’ai laissée dans ce berceau tout à l’heure. Pour sûr que les fées me l’auront changée. Mes voisines avaient bien raison de me recommander de placer un chapelet bénit au cou de ma petite fille. Mais que faire ? que faire ? mon Dieu !…

Après avoir bien réfléchi, la jeune mère pensa que l’enfant qui se trouvait dans le berceau pouvait fort bien être sa propre fille changée, enlaidie ainsi par les fées ; et, ne sachant à quoi se résoudre, elle fit part de ses doutes à une de ses parentes qui passait pour fort experte en la matière.

— Voici ce qu’il te faudra faire, lui dit celle-ci. Rentre chez toi, place le berceau de ta fille auprès du foyer. Puis, prends une douzaine d’œufs, casse-les par le milieu avec soin et, après avoir vidé les coquilles, remplis-les d’eau et mets-les à bouillir dans les cendres bien chaudes. Fais ceci bien gravement et sans rire. Si l’enfant est fille de fée ou fée elle-même, elle ne pourra s’empêcher de se trahir par quelque mot qui lui échappera. Hâte-toi, surtout. Pendant ce temps, qui sait ce qui peut arriver à ta petite fille ?

La femme, à peine rentrée chez elle, approcha le berceau de la cheminée, cassa les œufs et mit les coquilles à bouillir dans les cendres du foyer. La fée regardait les coquilles avec le plus grand étonnement. Quand elle vit l’eau bouillir, elle n’y tint plus ; elle se redressa dans le berceau et se mit à chanter :
J’ai bien pour le moins neuf cent et quelques ans ;
Jamais je n’ai vu tant de petits pots bouillants !


La femme vit bien ainsi qu’elle avait affaire à une fée et non à sa petite fille. Aussi, prenant la petite fée dans ses bras, elle lui dit :
— Méchante fée ! Qu’as-tu fait de ma petite fille ? Où l’as-tu cachée ? Rends-la-moi tout de suite ou je te jette dans le foyer !
— Ah ! ah ! ah ! Marie Colin est bien fine ! Si tu avais connu Marie Colin, tu aurais placé un chapelet bénit au cou de ta petite fille !... Tu ne l’as pas fait. Marie Colin est venue et a emporté l’enfant ! Ah ! ah ! ah ! Marie Colin est fine ! Elle a pris la place de l’enfant et l’a envoyée à la fée, son amie. Mais, tiens, je te rendrai ta fille si tu veux bien…
— Quoi faire ? Je suis prête à tout.
— Eh bien ! t’engager à lui arracher un cheveu tous les jours. Si tu oublies de le faire un seul jour, Marie Colin reviendra prendre ta fille et ton enfant mourra.
— J’y consens ; mais rends-moi vite ma fille !
— Tu vas la retrouver dans le berceau dès que je serai partie. Adieu ! adieu !

Et ce disant la petite fée quitta le maillot dans lequel elle se trouvait renfermée, grandit, grandit et reprit sa forme et sa taille naturelles. Puis, sautant de-ci de-là dans la maison, elle avisa l’ouverture de la cheminée, contempla une dernière fois les coquilles d’œufs dans le foyer et disparut en chantant :
J’ai bien pour le moins neuf cent et quelques ans ;
Jamais je n’avais vu tant de petits pots bouillants !


Au même instant, la mère entendait des hi ! hi ! hi ! dans le berceau ; c’était sa petite fille qui marquait son retour à la maison par une musique à sa façon.

Elle était fort bien portante et ne semblait en aucune façon avoir souffert de son séjour chez les fées. Jugez de la joie de sa mère, qui n’eut garde, à partir de ce jour, d’oublier d’enlever, chaque matin, un cheveu de la tête de son petit chérubin.
Conté en février 1881, à Paris, par Madame A. Carnoy.



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