LA GAULE
La Gaule (en latin : Gallia) était une région de l'Europe de l'Ouest peuplée de populations celtiques principalement et aquitaines, comprenant la France, le Luxembourg, la Belgique, la majeure partie de la Suisse, le nord de l'Italie, ainsi que des régions des Pays-Bas et d'Allemagne : la rive ouest du Rhin. Elle couvrait une superficie de 494 000 km.
Archéologiquement, les Gaulois étaient porteurs des cultures de Hallstatt (en partie) et de la Tène, qui s'étendaient à travers toute la Gaule, ainsi qu'à l'est de la Raetia, Noricum, Pannonia et le sud-ouest de la Germanie du Ve siècle av. J.-C.
au
Ier siècle av. J.-C. La Gaule tomba sous domination romaine durant le
IIe siècle av. J.-C. au
Ier siècle av. J.-C. : la
Gallia Cisalpina fut conquise en 203 et la
Gallia Narbonensis en -123. La Gaule a été envahie après -120 par les
Cimbres et les Teutons, qui ont été à leur tour vaincus par les Romains en -103. Jules César a finalement subjugué les parties restantes de la Gaule (qu'il considère comme divisée en trois parties :
Gallia Celtica, Belgica et Aquitania dans ses campagnes de -58 à -51. Quant à
l'Aquitaine césarienne, elle se différencie du reste de la Gaule par son assise linguistique
basque-aquitaine.
La
Gaule romaine a duré cinq siècles, jusqu'à ce que le dernier état croupion romain, le
domaine de Soissons, ne tombe aux mains des
Francs en 486. Alors que les gaulois celtiques avaient perdu leurs identités et leurs langues originelles durant l'antiquité tardive, devenant amalgamés en la culture gallo-romaine, Gallia est resté le nom conventionnel du territoire tout au long du haut Moyen Âge, jusqu'à ce que la Gaule acquière une nouvelle identité en tant que royaume de France capétien dans la haute période médiévale. Gallia reste un nom de la France dans le grec moderne (Γαλλία) et le latin moderne (à côté des alternatives Francia et Francogallia).
Carte de la Gaule avant la Guerre des Gaules selon Gustav Droysen d'après les peuples définis par Jules César : les Belges , les Aquitains , la Gaule celtique et la Gaule narbonnaise .[/color]
la Gaule avant Jules CésarLorsque César arrive en Gaule en -58, une partie du territoire est déjà aux mains des Romains : le sud de la Gaule, des Pyrénées orientales jusqu'au lac Léman, a été conquis entre les années -125 et -121 et transformé en province. Par ailleurs, le reste du territoire, appelé la Gaule chevelue, est déjà fortement romanisé sous l'action des échanges économiques et culturels ; seuls les peuples belges semblent rejeter toute influence romaine. Dans l'incipit de la Guerre des Gaules, César explique que la Gaule est divisée en trois parties : l'Aquitaine, la Celtique et la Belgique. Ce faisant, il présente la Gaule comme une unité, bien qu'il existe des divisions internes. La question de savoir s'il existait chez les Gaulois un sentiment d'appartenance à un ensemble commun fait l'objet de débats historiographiques depuis le XIXe siècle. Depuis quelques années, la thèse de Christian Goudineau, selon laquelle César aurait inventé la Gaule qui n'avait à l'époque de l’Indépendance aucune forme d'unité, est remise en question par certains historiens. Ainsi, des travaux récents insistent sur les facteurs d'unité entre les peuples gaulois comme les coalitions face à une menace commune, les assemblées politiques supranationales ou encore l'assemblée des druides de toute la Gaule s'inscrivant toutes dans un système institutionnel normalisé et reconnu par tous les peuples gaulois. Malgré tout, si cet « espace politique commun » semble avéré, il n'en reste pas moins que les cellules de base de l'organisation gauloise restent la tribu et le clan, formé de la famille et de la clientèle d'un chef puissant.
•
le territoireVers -475 / -450, les territoires de la Gaule au début de la Tène (deuxième âge du fer), étaient englobés dans un vaste ensemble continental s'étendant de l'Atlantique jusqu'au Danube et étaient nommés « celtiques » par les premiers témoignages écrits dont nous disposons : ceux des Grecs (notamment Aristote).
Au milieu du
Ier siècle av. J.-C. Jules César divise la
Gaule transalpine en trois parties :
la Gaule celtique,
la Gaule aquitaine et
la Gaule belgique (cf. carte). Ce découpage schématique correspondait à des considérations géopolitiques propres aux Romains, Strabon qui fournit des délimitations différentes le précise en au moins deux occasions. Si la Gaule proprement dite apparaît sous la plume des Romains, elle trouve sa définition arbitraire actuelle à travers l'histoire de sa conquête par ces derniers. La Gaule est en effet une pure invention de César voulant que sa conquête soit perçue comme un ensemble homogène, doté d'une frontière qualifiée de naturelle mais qui n'a aucun sens, le Rhin, fleuve délimitant un nouveau territoire qu'il nomme Germanie.
Vue générale des territoires de la civilisation de Hallstatt et de La Tène. Le berceau du Hallstatt (- 800) est en jaune foncé, et les territoires sous son influence (- 500) sont en jaune clair. Le berceau de La Tène (-450) est en vert foncé et les éventuels territoires sous son influence (- 50) sont en vert clair. Les territoires de quelques tribus celtes importantes sont nommés.
► La conquête des Gaules Schématiquement, la conquête romaine de la Gaule fut réalisée en trois phases :
•
la conquête de la Gaule cisalpine, comprenant la plaine cispadane et la transpadane (fin du IIIe siècle av. J.-C.), bientôt nommée « Gaule en toge » (gallia togata);
•
la conquête de la Narbonnaise, c'est-à-dire le sud-est de la France et la vallée du Rhône (dernier tiers du IIe siècle av. J.-C.) après la bataille du confluent, nommée « Gaule en braie » (gallia bracata) par opposition à la Gaule cisalpine ;
•
la conquête de la « Gaule chevelue » (gallia comata), c'est-à-dire du reste de la France, de la Belgique et du plateau suisse (milieu du Ier siècle avant l'ère chrétienne).
La Cisalpine, intégrée à l'Italie sous la République, devint une extension de Rome, tandis que la Narbonnaise constitua une « province » romaine située hors d'Italie (le mot latin provincia, littéralement « vaincue précédemment », a donné le nom Provença en occitan, « Provence » en français).
Les noms « Gaule » et « Gaulois » restèrent quant à eux en usage pour désigner les provinces romaines s'étendant sur le reste de ces territoires (France, Belgique et plateau suisse actuels) et leurs habitants de culture romanisée (que l'archéologie et l'historiographie française désignent sous le néologisme de Gallo-Romains).
En -12 ,
Auguste instaura la première « institution » supra-provinciale de l'Empire avec le
« conseil des trois Gaules » (concilium trium Galliarum) réunissant chaque année les représentants des cités de
la Gaule lyonnaise, de la Gaule aquitaine et de la Gaule belgique à Lugdunum pour célébrer le culte impérial. Il est probable que ce geste ne faisait que confirmer les liens anciens qui existaient entre les habitants de ces territoires. Ce sont ces liens, tissés de proche en proche, qui peuvent expliquer en définitive le caractère unitaire que laisse entrevoir, au-delà des disparités, la description de la Gaule par César près d'un demi-siècle avant.
les GauloisÀ l'origine, les proto-Celtes ont pu peupler l'Europe centrale, venant de l'Est, en remontant la vallée du Danube. Pour les Celtes comme pour la plupart des autres populations ayant constitué l'Europe, il n'est pas possible, en l'état actuel des connaissances, de dater précisément le phénomène, faute de trace écrite. Le cas des Grecs, dont les premières traces écrites remontent au IIe millénaire av. J.-C., montre que ces phénomènes peuvent être anciens et complexes, avec plusieurs vagues de colonisation successives. Dans le cas des populations proto-celtiques, l'archéologie et la linguistique indiquent qu'elles ont dû commencer à se mettre en place dans le nord des Alpes et en Gaule au IIe millénaire av. J.-C..
Dès la première moitié du Ier millénaire av. J.-C., des populations celtiques devaient constituer une partie importante de la population des différentes régions de la Gaule.
Les différents peuples gaulois (en vert) et aquitains (en mauve) avant la conquête romaine
Les premières indications directes de présence des Celtes en Gaule sont données par les Grecs de Phocée, qui fondent pacifiquement la colonie Massalia vers -600, en accord avec la tribu locale des Ségobriges, un nom celtique signifiant « les puissants victorieux » (brige = puissant, sego = victoire, victorieux). Les Grecs développent les échanges avec les tribus indigènes et organisent bientôt, à partir de Massalia, un immense trafic commercial avec l'Europe du Nord, ce qui va être déterminant pour l'évolution future des populations de la Gaule.
On connaît également, par les témoignages écrits des Grecs et des Romains, d'importantes migrations vers l'Est, vers l'Italie et vers le Danube, au Ve siècle av. J.-C. et au IVe siècle av. J.-C., avec notamment le fameux épisode de la prise de Rome par les Gaulois au début du IVe siècle av. J.-C.
À l'époque de la conquête par Rome de la Gaule chevelue (Ier siècle av. J.-C.), des liens anciens et forts existent entre la Gaule et les autres territoires occupés par les Celtes en Europe, de la Norique jusqu'à l'île de Bretagne, comme l'indique la présence de témoignages archéologiques danubiens parmi les guerriers de Vercingétorix, ou encore les liens importants entre les peuples belges du nord de la Gaule et ceux de la Tamise.
Ces liens peuvent s'expliquer d'une part par la présence d'une même tribu sur différents territoire en Europe, et d'autre part par l'existence d'un réseau de « clientèles » qui tient de proche en proche certaines tribus, certains peuples dans la dépendance d'autres, plus riches ou plus nombreux et disposant éventuellement d'un territoire plus étendu. L'existence de « fédérations » de peuples est attestée dans l'ensemble du domaine celtique : parmi les peuples transpadans de la Gaule cisalpine au IIIe siècle avant l'ère chrétienne, dans le midi de la Gaule au IIe siècle avant l'ère chrétienne (les Salyens) ou encore en Gaule chevelue avant la guerre des Gaules (Arvernes, Éduens, Bituriges et Séquanes).
En définitive, des nombreux peuples ou fédérations de peuples présents en Gaule à la veille de la conquête romaine, il reste des contours de « frontières », dont la position exacte fait cependant débat et un « substrat » linguistique longtemps sous-évalué. L'étymologie, enfin, a conservé le nom de populations gauloises, nom qui désigne encore les habitants de régions et de villes françaises actuelles : par exemple, les Auvergnats, les habitants de l'Auvergne qui couvre le territoire arverne (sud est de l'Allier, le puy de Dôme, nord ouest de la Haute-Loire et le Cantal).
• sur le peuplement protohistorique de l'Europe : voir Celtes.
• à l'époque gauloise : voir Gaulois (peuples) (population évaluée à plus d'une dizaine de millions d'individus).
• durant la conquête romaine et à l'époque romaine : voir Gaule romaine.
► La langueLa majorité des habitants de la Gaule protohistorique parlent principalement 3 langues, déclinées en plusieurs dialectes. Jules César mentionne cependant qu'à son époque les trois parties de la Gaule se distinguent par les coutumes, les mœurs, mais aussi par la « langue ». Il semblerait alors qu'en Gaule celtique entre Seine et Garonne, comme en Gaule cisalpine avec le lépontique, que les Celtes parlaient une langue appartenant au groupe celtique continental, tandis que les Aquitains au sud de la Garonne jusqu'aux Pyrénées parlaient une langue issue du proto-basque : l'aquitain. Et qu'enfin les Belges se seraient peut-être exprimés pour certains d'entre eux dans un dialecte proto-germanique. Cependant, si les indices toponymiques, les noms des tribus et les anthroponymes, ainsi que les rares inscriptions découvertes (Arras, Bavai) montrent à l'évidence l'origine celtique de la langue parlée, voire aussi d'un autre idiome indo-européen (voir Bloc du nord-ouest), il n'existe en revanche aucune trace, autre que les dires de César (germani cisrhénani), qui permettrait d'affirmer que le germanique ait été parlé avant l'installation progressive et plus tardive des Germains en Gaule du nord.
Le gaulois était une langue celtique de la famille des langues indo-européennes, proche du brittonique antique, dont on conserve cependant peu de témoignages, malgré un corpus grandissant d'inscriptions lapidaires ou autres mises au jour par l'archéologie, les nombreux anthroponymes et toponymes qui ont parfois une stricte équivalence en Gaule (ex : *Epiākon > Epiaco XIIe siècle, Epfig, Alsace, et Epiacum, Grande-Bretagne ; *Festiniākon > Festiniacus en 853, Festigny et Ffestiniog, pays de Galles), ainsi que des évolutions phonétiques communes. Certains chercheurs n'ont pas hésité à évoquer l'existence d'un gallo-brittonique, tel Léon Fleuriot par exemple. Le breton, bien qu'il appartienne au groupe brittonique pour l'essentiel, a pu être influencé par un substrat gaulois et la langue d'oïl est la langue romane la plus imprégnée par un substrat celtique (150 à 180 mots sur les près de 400 contenus dans toutes les langues romanes réunies). L'hypothèse de dialectes gaulois a été reprise par John Rhys qui évoque un dialecte "celtican" (conservation de -qu-, ex: Sequana « la Seine », le mois EQVOS) ou encore Joshua Whatmough, cependant que pour Pierre-Yves Lambert « même si l'idée de dialectes différents en gaulois n'est pas irrationnelle en soi...elle ne s'appuie pas sur des preuves solides à l'heure actuelle ».
► L’économie→ L’agriculture et l’alimentationLa Gaule, contrairement à l'idée préconçue qui veut qu'elle soit couverte de forêts dans lesquelles les Gaulois pratiquent essentiellement la chasse, est largement défrichée pour constituer des terres agricoles très riches avec de nombreuses fermes. Au Ier siècle av J.-C., l'exploitation de son sol était activement poussée. Ainsi, des prospections aériennes dans certaines parties de l'Ille-et-Vilaine mettent en évidence un réseau d'enclos aussi dense que celui des fermes actuelles ; au Ier siècle, les analyses palynologiques du couvert végétal dans la plaine de Vaise près de Lugdunum révèlent un sol couvert de champs cultivés et de prairies herbacées destinées à l'élevage, les forêts représentent moins de 5 % du faciès paysager, ces résultats pouvant être extrapolés à la plupart des régions. En effet, pendant ses campagnes, César trouva toujours sur place le blé nécessaire à la nourriture de ses troupes, et pourtant, le soldat romain était gros consommateur de froment. Les ports fluviaux situés à proximité des régions productrices jouaient le rôle d'entrepôts où sont concentrées les réserves de blé. Celles-ci pouvaient être ainsi acheminées par voie d'eau à portée des armées : tel est le cas d'Orléans, sur la Loire, d'où l'on peut présumer que la Beauce possédait, dès cette époque, d'importantes emblavures. Tel est le cas aussi de Chalon-sur-Saône et de Mâcon, sur la Saône, et aussi d'Amiens qui servait également de magasin dans le nord de la Gaule. Presque toutes les cités possédaient leurs champs de blé et pouvaient se suffire à elles-mêmes : jusqu'aux abords des Pyrénées, le blé était récolté, même les terres peu fertiles des Flandres, alors couvertes de marécages, en produisaient. Le cas de l'Anjou, où César mentionne expressément le défaut de blé, est isolé. Peut-être cette absence était-elle momentanée ou accidentelle. Parmi les terres à blé renommées de l'époque, il faut citer la région de Toulouse, chez les Volques, chez les Cavares et la basse vallée du Rhône, la Bourgogne (surtout), ainsi que le pays des Bituriges et celui des Carnutes. Dans le nord et dans le nord-est, le Soissonnais et la Champagne étaient également assez riches. La production agricole abondante et de qualité est assurée par l'engraissement des sols grâce à la fumure ou le marnage, par des labours performants à l'aide de la charrue à soc métallique et de puissants attelages.
Les études
archéobotaniques (notamment la carpologie ou la palynologie) montrent que les Gaulois se nourrissaient surtout de céréales (quatre sortes de blé : engrain, amidonnier, épeautre et froment ; orge à grains nus ou vêtus, avoine, millet commun et millet des oiseaux), de légumes (navets, choux) en proportion variable selon les régions, en moins grande quantité des légumineuses (lentilles appelées ers, haricots, fèves, pois…), des plantes sauvages (renouée, arroche, mauves, chénopode) ou oléagineuses (pavot, lin, caméline). Les céréales, pauvres en gluten (donc peu panifiables), se consommaient sous forme de grains concassés, bouillies, gruaux, soupes à base de farine grillée ou de galettes à pâte non fermentée. Le beau pain blanc de froment faisait le régal des nobles gaulois et la convoitise des autres peuples. Le blé était la principale nourriture du peuple. L'utilisation de condiments (poivre d'eau, ravanelle, moutarde noire) est rare à l'exception du sel, celle de plantes aromatiques orientale et méditerranéenne (fenouil, origan, sarriette) apparaît à partir du Ier siècle. La consommation de fruits comprend des espèces sauvages (prunelles, merises, framboises, fraises, pommes, noisettes, raisins, glands, baies de sureau), des espèces cultivées gauloises (prune) ou romaines (olive, poirier, figue, vigne).
L'archéozoologie montre que la viande provenait de l'élevage car la chasse (lièvre, cerf, chevreuil ou sanglier servis à la table de nobles), sport de noble, était marginale (de 1,3 % au IVe siècle av. J.-C. à moins de 1 % aux siècles suivants). Elle était constituée principalement de cochon, mais aussi de bœuf dans le centre de la Gaule, de chèvre et de mouton dans le Midi et de chevaux dans le Nord, plus épisodiquement de chien, de cheval ou de volaille. Des ragoûts de chien étaient occasionnellement consommés (traces de cynophagie différentiée). Les salaisons et la charcuterie gauloise étaient réputées à Rome. Les volailles, pourtant elles aussi exploitées, étaient peu consommées.
Le philosophe grec stoïcien Posidonios, dans son Histoire, décrit les boissons gauloises. Le peuple buvait de l'hydromel et surtout de la cervoise, bière à base d'orge, tandis que l'élite consommait du vin pur, à la différence des Grecs et Romains qui le buvaient aromatisé. La culture de la vigne, au temps de la conquête, était peu répandue en Gaule et ne dépassait guère les abords de Marseille. Le vin, boisson rare, était donc importé de Rome et considéré comme un luxe : on échangeait un esclave contre une amphore de vin par exemple. Le commerce avec Rome s'intensifiant (l'archéologie sous-marine l'évalue à un million d'amphores par an), le vin s'est progressivement démocratisé. Au total, ce sont plus d'une dizaine de millions d'hectolitres qui furent importés de République romaine et de la Provincia entre 150 et 50 av. J.-C..
→ L’élevage du chevalLe cheval a toujours tenu une grande place dans la vie des Gaulois, au point de figurer sur leurs pièces de monnaie. On dit que la cavalerie était un élément essentiel de leur puissance militaire. Lors de la guerre des Gaules, les effectifs engagés étaient énormes, ce qui supposait un élevage de chevaux très actif. L'élevage du cheval contribuait pour beaucoup à la réputation du paysan et on n'oublie pas qu'Epona, la seule déesse gauloise intégrée dans le panthéon romain, était représentée en compagnie d'un cheval. Les nobles gaulois (les equites) servaient à cheval dans la cavalerie et l'usage permanent des chariots exigeait un grand nombre de chevaux de trait. Pourtant, dès le IVe siècle av. J.-C., les Gaulois qui combattent à l'étranger découvrent les grands chevaux méditerranéens, différents des chevaux indigènes qui correspondent donc à nos poneys ou doubles-poneys actuels, et s'en prennent de passion, et, nous dit César : « les acquièrent à n'importe quel prix ». Pourtant, il semble que l'élevage se soit développé davantage sous le pouvoir romain.
→ Le commerceL'abondance de moyens fait soupçonner l'importance du réseau routier, qui a permis le déplacement rapide des légions romaines durant la guerre des Gaules, et des échanges commerciaux. Dans ce domaine encore, les Gaulois bénéficièrent de l'effort soutenu des populations antérieures. La diffusion des matières les plus recherchées, à partir de leurs centres de production, avait entraîné la recherche des itinéraires les plus aisés. Le commerce de l'étain, qui continue à l'âge du fer, eut, sur le développement routier, les plus fortes répercussions. La localisation et la rareté des gisements de ce métal déterminèrent les directions du trafic. Le minerai importé venait, surtout, du Guadalquivir (Tartessos) et de la pointe occidentale de la Bretagne, de Cornouailles et, de là, le métal était apporté sur la côte de la Manche et jusqu'à l'embouchure de la Loire, on suivait les grandes vallées pour pénétrer à l'intérieur du pays. Outre l'étain, Rome importait de Gaule essentiellement du sel, du blé, du fer et beaucoup d'esclaves (prisonniers des peuples voisins).
Au premier âge du fer, les échanges ne sont plus limités aux matières premières. De l'Europe centrale, par le Danube, arrivent les modèles des épées de fer qui pénètrent en Gaule par la trouée entre Vosges et Jura et la vallée du Doubs. Parviennent aussi des objets importés d'Italie : seaux cylindriques appelés cistes, ou tronconiques appelés situles, les uns et les autres en bronze battu. Parfois des vases étrusques et grecs les accompagnent dans les tumulus les plus récents de la Gaule de l'Est. C'est par la même voie du Danube que s'effectue ce trafic. Depuis la découverte du cratère de Vix, la question de savoir par où cet énorme vase avait pu être acheminé a été longuement discutée. En plus des itinéraires classiques, on a envisagé le col du Grand Saint-Bernard et surtout, la vallée du Rhône, mais rien de décisif. Si le couloir rhodanien reste alors en dehors du grand mouvement commercial, c'est que le littoral, excepté Marseille, et la basse vallée du Rhône est encore aux mains des Ligures, peu sociables. Ces tribus arriérées forment un écran entre le foyer de civilisation méditerranéen et la Celtique, dont les limites méridionales ne dépassent guère le confluent de Lyon. Par ailleurs, Vix se trouve admirablement placé au point où la voie protohistorique de la Loire inférieure et moyenne à la trouée de Belfort coupait l'itinéraire jalonné par la vallée de la Seine.
Il faut attendre la descente des Gaulois sur la côte de Provence pour qu'enfin des relations directes pussent s'établir entre Marseille et la Celtique. Dès lors, un avenir brillant s'ouvre pour la voie la plus expressive que la nature avait inscrit sur le sol de la Gaule. Cette voie emprunte le couloir rhodanien jusqu'au coude de la Saône à Châlon, par les passages de Bourgogne, elle atteint le bassin de la Seine et le carrefour parisien. De là, on peut suivre le fleuve jusqu'à son embouchure ou gagner le Pas-de-Calais. L'essor subi du port fluvial de Chalon-sur-Saône, au IIIe siècle av. J.-C., fixe la date à partir de laquelle cette voie fut régulièrement suivie. Elle servit au trafic de l'étain, Diodore nous transmit, d'après la relation d'un auteur plus ancien, des détails précis sur son utilisation : les marchands achetaient le métal aux habitants de l'île de Bretagne (Grande-Bretagne actuelle), le transportaient sur le continent, puis, cheminant par terre à travers la Gaule pendant trente jours environ, ils conduisaient leur chargement jusqu'à l'embouchure du Rhône. Un autre géographe grec, Strabon, évoque une communication essentiellement fluviale utilisée pour le transport de toutes denrées. On remontait le Rhône et la Saône et après avoir quitté cette rivière, ce qu'on ne pouvait faire qu'à Chalon, il fallait gagner la Seine par voie de terre et, de là, on pouvait atteindre l'océan.
→ Les monnaiesChaque peuple gaulois était indépendant du point de vue du monnayage, certains plus productifs que d'autres, mais il y a tout lieu de supposer que les pièces en métaux précieux circulaient entre peuples voisins. Des statères d'or et de bronze à l'effigie de Vercingétorix sont frappées, au verso on peut observer un croissant, un étalon et une amphore. Rome, qui convoitait les mines d'or gauloises, commença à frapper ses propres pièces d'or après l'invasion de la gaule.
Pièces en or des Santons.
Au VIe siècle av. J.-C., la colonie grecque établie à Marseille, frappe des oboles. Progressivement, elle se répand parmi les peuples limitrophes (trésor d'Auriol). Au IIe siècle av. J.-C., le monnayage en argent se développe en moyenne vallée du Rhône, et les peuples ayant des mines d'or, comme les Arvernes, frappent des statères qui sont aussi un moyen d'affirmer leur souveraineté et leur puissance. Au Ier siècle av. J.-C. , les Parisii produisent leur célèbre et magnifique statère d'or au cheval.
Organisation politique et socialeConformément au schéma de l'idéologie tripartite des Indo-Européens telle qu'elle a été développée par Georges Dumézil, les Gaulois comme les Celtes sont organisés en trois classes : classe sacerdotale (prêtres, gutuaters, bardes et druides), classe guerrière (les Equites, chevaliers issus de la noblesse ; l'infanterie, peuple et vassaux des chevaliers) et classe productrice (la plebs : commerçants, artisans, agriculteurs et éleveurs).
Les peuples de la Gaule étaient dirigés auparavant par une noblesse de type archaïque avec les différentes strates de sa hiérarchie. César nous renseigne dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules sur différents types de magistratures politiques et religieuses : princeps (prince), vergobret (magistrature suprême), arcantodan[nus] (magistrat monétaire), etc..
La noblesse s'était constituée tout au long des temps « héroïques » lors de différentes guerres ou d'expéditions lointaines. Les seigneurs gaulois (rois, princes guerriers, chefs de tribu et riches propriétaires), de type féodal, se réunissant dans des sénats, avaient sous leurs ordres une foule de vassaux et de clients dont la fidélité était absolue. Au bas de la pyramide sociale se trouvaient probablement les esclaves, comme le suggèrent les découvertes archéologiques d'entraves en fer dans des tombes46. Ce sont les nouvelles bourgeoisies (commerçants et artisans) gauloises qui en différents lieux de la Gaule ont choisi de collaborer avec le conquérant romain pour préserver leurs affaires et leur rang social. Ces velléités de trahison, de « collaboration » avec l'occupant romain ne se passèrent pas toujours très bien pour les nouveaux oligarques celtes puisque tous les membres des sénats des Aulerques, des Lexoviens et des Éburovices furent massacrés jusqu'au dernier par les princes et les nobles de leurs peuples. Il semblerait que la bourgeoisie vénète n'a pas suivi la même démarche car elle avait compris que les Romains voulaient s'emparer de ses marchés et qu'elle avait tout à perdre avec la conquête romaine.[/color]